25/07/2012
LE JOURNAL DE PERSONNE: "L'ÊTRE AU NEANT"
Femme magnifique à l'intensité hors-norme.
Superbe et talentueuse...
A l'écriture riche et précise.
Il est important de ne pas passer à côté!
Ne manquez pas de vous rendre sur son site: c'est une mine!
http://www.lejournaldepersonne.com/
Ou sur sa chaine Youtube:
http://www.youtube.com/watch?v=VuiAdm6sSFE&feature=mfu_in_order&list=U
A: allo c’est toi
B: oui c’est moi qui veux-tu que ce soit d’autre?
A: tu dormais?
B: oui je dormais
A: rendors-toi, je te rappellerai un peu plus tard
B: ça y est… tu peux y aller… je suis complètement réveillée
A: tu en es sûre?
B: vas-y qu’est-ce que tu as à me dire?
A: RIEN
B: comment ça RIEN… tu n’as rien à me dire ?
A: RIEN
B: tu me réveilles pour me dire que tu n’as rien à me dire ?
A: moi j’ai l’impression que ça veut tout dire
B: non, désolée, ça ne veut rien dire…
A: alors disons, que je n’ai rien à dire
B: et tu m’appelles en pleine nuit pour me dire que tu n’as rien à me dire
A: ça te prouve au moins que rien ça veut bien dire quelque chose
B: ça veut dire quoi?
A: qu’on n’a plus rien à se dire
B: tu veux dire qu’on a atteint un point de non retour?
A: non… je veux dire qu’on commence à voir le jour
B: qu’est-ce qui t’arrive, tu es sur le déclin
A: bien au contraire… j’ai l’impression de toucher le sommet
B: tu es complètement à la masse… et ça va à une vitesse grand V
A: ça te mine parce que je n’ai rien à te dire ?
B: ça m’élimine… tu veux dire
A: moi… ça me détermine… de n’avoir plus rien à dire
B: l’absence, la solitude, le silence, je ne vois pas en quoi ça te détermine?
A: tu es présente mais je ne ressens que ton absence… je te parle et je n’entends que ton silence…
B: pour quelqu’un qui n’a rien à dire… c’est une véritable apocalypse du désir.
A: tu viens de mettre le doigt dessus
B: sur quoi?
A: sur le Rien…
B: mais je n’ai rien dit
A: si… tu as dit que c’était l’apocalypse du désir
B: et alors ?
A: ça veut tout dire
B: ça veut dire quoi?
A: que nos désirs nous empêchent de voir que Rien ne rime à rien
B: l’ennui nous le montre suffisamment
A: l’ennui, c’est bien dit… la vie qui baille…
B: c’est ça : je m’ennuie donc je suis
A: oui… parce qu’avec tes désirs, tu n’y es jamais… toujours insatisfaite, toujours défaite… Hamlet !
B: vérité de taille : il n’y a que le RIEN qui vaille
A: le RIEN faut savoir l’accueillir
B: en disant qu’on n’a rien à dire ?
A: en renonçant au désir …
B: et qu’est-ce qu’on fait de l’être ?
A: Un instrument de liaison : comme quand on dit: le ciel est bleu ou Dieu est mort – Que du vent… il n’y a aucune véritable liaison.
B: il doit tout de même y avoir un être quelque part ?
A: l’être n’est nulle part… ailleurs que dans ta tête…
B: qu’est-ce qu’on fait alors?
A: comment tu vas? demande l’aveugle au paralytique… comme tu vois ! répond le paralytique à l’aveugle… voilà ce qu’on fait : on s’arrache…
B: on s’arrache comment ?
A: on raccroche pour retrouver la paix.
B: allo… allo… il y a personne au bout du fil… j’ai dû rêver!
20:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, cioran, cyrille cacciatori, dieudonné, diogène, dominique beniguet, dominique ducoulombier, hamlet, kaozuni, l'être et le néant, le défaitisme, le nihilisme, le pessimisme, lejournaldepersonne, mouvement vers le rien, schopenhauer.
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