19/12/2012
LE JOURNAL DE PERSONNE: "MONCEF MARZOUKI "
Femme magnifique à l'intensité hors-norme.
Superbe et talentueuse...
A l'écriture riche et précise.
Il est important de ne pas passer à côté
Ne manquez pas de vous rendre sur son site: c'est une mine!
http://www.lejournaldepersonne.com/ Ou sur sa chaine Youtube:
http://www.youtube.com/watch?v=VuiAdm6sSFE&feature=mfu_in_order&list=U
Café de la Mare
Non, ce n’est pas le nom d’un café
Mais le nom d’une composition musicale
Café de la Mare, parce que le café se situait près de la mer
À la Marsa, pas loin de Carthage…
L’endroit idéal pour lire dans le marc du café.
C’est là que j’ai interviewé Marzouki.
Avec l’odeur de la mer, pour recueillir la confession d’un président intérimaire
Élu au suffrage universel grâce à un calcul très particulier
Il me disait qu’il était difficile de mener sa barque à bon port
Quand on place la barre trop haut,
Vous vous retrouvez avec tout sur le dos
Le théologique est une chose, l’éthique, une autre.
Mais, pour moi, la politique est première
Mais j’ai du mal à le faire admettre aux deux forces qui se partagent ce pays
Les islamistes d’un côté et les opportunistes de l’autre.
(les Khobzistes, comme on dit)
C’est une lutte sans classe… une lutte de rapaces…
Les aigles de Carthage veulent en découdre avec le pouvoir et ses rouages…
Les premiers parce qu’ils aspirent soit disant à une toute autre fin pour l’homme
Et les seconds parce qu’ils réclament soit disant du pain pour tous les citoyens.
Le problème : c’est qu’il y a des menteurs dans les deux camps… ce sont les mêmes
Le Coran dit : Mounafikines… ceux qui prétendent savoir ce qu’il y a dans votre cœur alors qu’ils ignorent ce qu’il y a dans le leur.
Comment expliquer aux petites gens que la Révolution n’est pas une solution dans la mesure où elle ne peut apporter de solution. Jamais.
Je dirais même que la Révolution ne peut être que la restauration des problèmes :
Elle ouvre une nouvelle ère : celle des galères
Ce n’est pas de la comédie, c’est comme dirait l’autre : la naissance de la tragédie.
C’est à dire, celle du conflit entre le bien et le bien!
Mon peuple n’est pas mûr, je le sais, pour digérer des fruits qui ne le seront jamais :
La croissance, le plein emploi, la prospérité resteront des entités abstraites tant qu’on n’a pas compris que la réalité est un travail permanent… d’ajustement ou de réajustement entre politique et économie. Entre sens et finance.
Les jeunes notamment ne regardent pas les forces dont ils disposent mais seulement les buts qu’ils visent… des buts, je veux bien, encore faut-il les marquer.
Remarquez, je n’ai rien contre l’utopie… mais il y a un moment où l’inconséquence tue.
La politique, c’est ma vie… mais c’est aussi ma mort… Je le sais.
C’est… c’est une ligne de crête entre deux abîmes :
Le Coran d’un côté et le courant de l’autre… sans jeu de mots.
Le courant qui fait courir et qui est loin d’être un fleuve tranquille… c’est l’air du temps, celui que le tunisien moyen découvre entre autres, à la télévision et qui lui imprime dans le subconscient toutes les valeurs de l’occident… mais les contre-valeurs aussi.
Les marques et les sous-marques. Mais ce sont hélas les sous-marques qui restent gravées dans sa mémoire collective.
Les déchets… les sous-cultures qui se substituent à son inculture…
Pas d’issue. Plus d’issue. Le mur est grand et on ne peut faire autrement que de foncer dedans.
Pendant ce temps, comme hier à Sidi Bouzid, on agite sous mes yeux, le drapeau noir de l’islamisme radical… comme seule sortie possible de crise. Pour les très bas comme pour le très haut.
La charia je veux bien… un état théocratique… allech lé, pourquoi pas? Seulement voilà …
Je sais que ces gens-là, n’y croient pas un seul instant.
C’est le pouvoir pour chacun qu’ils veulent, et non le devoir pour tous comme ils le prétendent.
Et pas pour servir Dieu, mais le pouvoir pour le pouvoir…
Le tunisien est futé plutôt que borné…. même lorsqu’il vous donne l’impression de ne pas savoir où il en est…il sait où il veut aller, là où son ventre l’emmène.
C’est toujours très calculé… c’est la raison pour laquelle je n’ai pas l’air d’avoir la Foi parce que je mène quotidiennement un combat contre la mauvaise Foi…
Quel drôle de pays… où l’on sait plus que nulle part ailleurs : qu’il faut d’abord enculer son voisin avant de lui serrer la main…
En Tunisie, on n’est pas dupes… les droits de l’homme, la liberté, l’égalité, la solidarité…
On sait, je ne sais comment on le sait mais on le sait : que ce sont de vulgaires marchandises… de la vaseline qui a moins de valeur qu’une berline.
Et il a été interrompu par un coup de fil…
Il m’a promis de revenir sur le sujet !
14:57 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, bouazizi, carthage, france 24, interview imaginaire, l'impatience du concept, la charia, lejournaldepersonne, les grands et les petits de ce monde, les impasses, les islamistes, les opportunistes, les salafistes, moncef marzouki, printemps arabe, quelqu'un face à personne, révolution arabe, sens et finance, sidi bouzid, tunisie, yazid.dimoné, dominique terrieu