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15/03/2012

A L'INFINITIF

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A L'INFINITIF

 

 

Rester une fois encore à l'écoute de la nuit qui tombe,

Flâner, en marche pour l'insaisissable,

Tenter de se soustraire à la brutalité du monde.

 

Se révolter avec la délicatesse d'un espoir insensé,

Irradier de tout son éclat les noires interrogations,

Arpenter des territoires à la fois charnels et invisibles.

 

Se dresser face à l'absurdité dominante,

Changer le cours vertigineux de la passion,

Déchiffrer les ténèbres jusqu'à la démesure.

 

Explorer pour cela d'imperceptibles intérieurs,

Fragmenter les rêves trop souvent réducteurs

Et regretter encore les espérances déchues.

 

Perturber avec sérénité la trop parfaite harmonie,

Saigner à l'intérieur pour ne pas être vu,

Se reconnaître au loin malgré l'obscurité.

 

S'abolir dans la conscience d'une chape d'amertume,

Avoir le sentiment poignant d'une présence illusoire,

Dériver prostré sur un lac d'étranges impressions.

 

Obéir aux tourbillons sensoriels,

Partager le malaise des forces obscures,

Neutraliser les contraires d'un monde disparate.

 

Détester la beauté, surtout si elle est silencieuse,

Estomper les lieux aux apparences fuyantes,

Traverser la démesure ravageuse du sublime.

 

Aimer les tourments, les envolées émotionnelles,

Disperser les lignes de rupture des zones déjà lointaines,

Mettre en évidence la présence supposée des possibles.

 

Se désespérer au quotidien de la solitude tendu à l'extrême,

Être aux prises ardues avec ses propres déchirements,

Avoir, soudain illuminé, des fulgurances surréalistes.

 

Se faire voler la vie par inadvertance,

Proférer avec sérénité de misérables mensonges,

Respirer rien que pour soi, tout en pudeur.

 

Faire une troublante rencontre à l'aube d'horizons magiques,

Chercher instinctivement la douceur dans le souvenir d'une tendresse,

Se sentir aspiré par l'impétueux tourbillon des eaux troubles.

 

Avoir des exigences démesurées

Faire passer la vie dans les mots

Relier la totalité de tous les fils, même ténus.

 

Se préserver des effets pervers

D'une mémoire seulement désireuse d’oubli,

Maintenir la lumière vive de l'absent

Dans l'ombre incongrue de l'absence,

Observer avec une certain soulagement

Que les morts aimés ne meurent jamais.

 

Comment échapper à la pesanteur des mots?

A leur rugosité dérangeante?

 

Avec une ostensible inconscience,

J'ai ouvert l'armoire où je les savais entreposés

Pour les coucher, ici, drapés d'humilité.

Et maintenant, les voilà jetés....

 

Ils s'abiment déjà et crissent

Sous les pieds agressifs d'un temps

Qui passe au plus près d’une trace défaillante:

Celle, obsédante, du miracle précaire de l'écriture.

 

 

P. MILIQUE

 

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