Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/03/2014

DERNIÈRES PAGES AVANT LA NUIT: PATRICK POIVRE D'ARVOR

 

DERNIÈRES PAGES AVANT LA NUIT

  PATRICK POIVRE D'ARVOR

 

PPDA :
"Les livres m'ont aidé à grandir."
 
Le journaliste relit "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust. Son seul "véritable" livre de chevet
 
Patrick Poivre d'Arvor lit. Beaucoup. Tard dans la nuit. Le matin en se levant. Il aime "picorer", choisir parmi les 20.000 livres qui tapissent les murs de son domicile : "Certains ont des toiles de Jouy, moi j'ai des murs de bibliothèques qui me donnent du bonheur". 
L'ancien présentateur du journal de 20h de TF1 et Antenne2 avoue une tendresse particulière pour Marcel Proust. "A la recherche du temps perdu" est son seul véritable livre de chevet, celui qu'il laisse en permanence sur sa table de nuit. 
Après des années passées aux commandes d'émissions littéraires (Ex Libris, Vol de nuit) il aime toujours lire les ouvrages avant leur sortie, en espérant "dénicher les pépites".  Car les livres rendent PPDA heureux : "ils m'ont aidé à grandir, à sortir de ma timidité. Quand j’étais jeune, je n'avait pas d'ami. Mes amis c'était les héros de ces livres."Patrick Poivre d'Arvor lit. Beaucoup. Tard dans la nuit. Le matin en se levant. Il aime "picorer", choisir parmi les 20.000 livres qui tapissent les murs de son domicile : "Certains ont des toiles de Jouy, moi j'ai des murs de bibliothèques qui me donnent du bonheur". 

28/08/2013

DISSONANCES DÉLIBÉRÉES

FOSSOYEUR.jpg

 

DISSONANCES DÉLIBÉRÉES

 

Briser, libérer, émanciper, enlacer, interroger le mot,

Écrire sans structure définie ni retenue castratrice,

Sans autre objectif que celui de dénicher

Quelques rares pépites jaillissant, impromptues,

De l’humus parfois désespérément stérile des mots.

 

Une approche plus conventionnelle

Impose d’emblée l’astreinte cérébrale

Qui aboutira, la plupart du temps,

A des résultats à la trame aléatoire.

 

Faut-il alors suggérer, comme le disent certains,

Que ces poètes-là ne sont que de tristes fossoyeurs

Portant en noire sépulture les mots de demains,

Alors qu’ils en sont la mémoire vivante sauvegardée ?

 

S’acharner à versifier pour le bien décidé de l’humanité,

Je laisse à d’autres compétences le soin de s’y aventurer.

 

Il m’est tellement plus viscéral de brouiller les pistes

En créant çà et là de singulières arythmies volontaires,

Des césures inopportunes ou des dissonances délibérées

Dans le but avoué, et assumé, de parvenir certaines fois,

A perturber, d’un enjôleur clin de plume, l’insaisissable absolu.

 

Briser, libérer, émanciper, enlacer, interroger le mot,

Écrire sans structure définie ni retenue castratrice.

 

P. MILIQUE

04/08/2013

LA BOÎTE A LETTRES: SIGNAC A THEO VAN RYSSELBERGHE

 

LA BOÎTE A LETTRES

SIGNAC A THEO VAN RYSSELBERGHE

© Musée des Lettres et Manuscrits)

 

J’ai reçu les tuyaux sur l’arc-en-ciel, mon bon ami et je te remercie. Luce avait eu simultanément la même gentille idée et du haut de l’omnibus il nota le même que tu croquas du bateau de Sheffer. Grâce à ce double dévouement je suis paré. Mais tu as nom de Dieu bien fait de faire changer de mouillage. Le capitaine : où diable vas-tu dénicher que cela puisse me contrarier en quoi que ce soit. Je suis content de ce que tu me dis, au sujet de ce que nous avons à apprendre. D’autant plus que je ne suis pas de ton avis. C’est bon de s’échanger des idées et n’y manquons jamais. Pour moi nous en savons assez, ce qui nous manque c'est d'oser et d'être logiques. Quand bien même nous dessinerions aussi bien que le Pissaro, Van Eyck, Degas, Ingres, les Japonais -enfin tout ce que, avec raison, nous admirons. Cela ne nous servirait à rien. Apprendre quoi ? A dessiner comme ces maîtres, c'est la plus mauvaise leçon que nous pourrions prendre. Il ne faut pas plus désirer dessiner de cette façon, qu'il ne faut leur demander de peindre comme nous. Ce qui nous manque ce n'est pas d'apprendre (d'après ce qui a été fait) mais de trouver (d'après la logique). Ce qu'il nous faut c'est instaurer un dessin conforme à notre peinture, dessin non d'imitation, d'exécution, de trait, de ligne, de mouvement etc, mais un dessin de rythmes, de contraste et de dégradé. Je crois bien qu'Angrand est sur la piste, comme on pourrait peindre facilement d'après ses blancs et noirs ! Le dessin de tous ces maîtres vient à l'aide de leur peinture, le dessin tel que nous le pratiquons vient à l'encontre de la nôtre. Je t'affirme que ma façon de dessiner un paysage ne me semble pas en rapport avec la façon de le peindre, et toi-même, nous en avons causé-tu as senti que tu n'étais pas satisfait du dessin de ta grande toile. Dans la plupart de nos tableaux, le dessin me semble aussi en désaccord avec la peinture qu'un Van Eyck qui serait "divisé" en un dessin d'Ingres couvert de couleurs par Delacroix ou réciproquement etc.

Vois Cross, comme il se débat et pourtant il sait beaucoup dans le sens que tu indiques. Mais je crois que c’est un contre temps. On n’attache pas un cheval à une automobile. Il faut être logique. Pourquoi concevoir son art autrement devant une feuille de papier que devant une toile à peindre, la cervelle et l'œil  du peintre sont-ils autres dedans un portrait à longues séances que devant une aquarelle instantanée Tous les efforts d’un même artiste doivent tendre ;à un but unique, synthétique de ses recherches. Le moindre croquis de Delacroix tend vers le même but que la plus grande de ses toiles. Une eau-forte de Rembrandt est un de ses tableaux. Seurat était aussi un admirable exemple de la logique qui doit guider l'artiste : dans ses dessins, ses panneaux, ses études, ses toiles, il poursuit la même idée (...) Nous manquons d'audace.

Avec ce que nous savons -et de la logique- nous pourrons aller plus loin. Il n' y a pas de raison pour que tu ne t'attaques pas à un Jugement dernier et que je ne tente pas de peindre la Destruction de l'Escadre Espagnole, en feu au soleil couchant (... Nous n'oserons pas dessiner aussi mal (tu comprends ce que j'entends par mal) des figures que celles de la Barque de Dom Juan et que celles des lithos d'Hamlet qui sont grotesques -à certains points de vue- Et pourtant ce sont des merveilles, parce que Delacroix a réalisé ce qu'il voulait sans s'arrêter devant la crainte de rater.

Soyons logiques et osons donc. Qu’en dis-tu ?

On vous embrasse

P . Signac