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10/06/2016

CANTILÈNE MISTIGRI 1

au magma présent de l'écriture,

 

CANTILÈNE MISTIGRI

1

(Considérations subjectives sur le chat, huitième merveille du monde comme chacun sait.)

Qu'est-ce donc qu'un chat ?
C'est d'évidence, et essentiellement, une énigme, une consultation permanente.
Pour s'en convaincre, il suffit de dessiner un point d'interrogation en position horizontale. N'obtenez-vous pas, alors, l'esquisse stylisée d'un chat sommeillant?


Tel un paradoxe vivant, il apprécie la présence humaine, tout en gardant un maximum de distance avec l'objet de son attachement.
C'est un espion-né!
Il observe par la fente de ses yeux et enregistre tout objet mobile, y compris ceux, nombreux, dont, à la réflexion, il ne tirera aucun profit.


Gourmand plus que de raison, le chat peut faire preuve d'une patience dépassant de loin ce qui est à portée d'homme, dès l'instant où il aura assimilé que le temps travaille pour lui.


Inépuisable joueur, il saura tour à tour, au fil des circonstances, être indifféremment le sujet ou l'objet du jeu auquel il se livre.


Mégalomane non encore repenti, il n'aura aucun mal à réduire à la servitude tout personne commettant l'erreur de lui vouer un intérêt inconsidéré.


Coquet, il saura prendre à l'occasion les pauses les plus improbables, les plus inattendues afin de mettre en valeur son incomparable plastique.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

29/07/2013

YVES BOMMENEL: "RASPOUTINE"

 

YVES BOMMENEL

"RASPOUTINE"

 

Lichen qui prospère sur une forêt fantôme, insectes xylophages cheminant dans un dédale de galeries gourmandes, troncs moussus en putréfaction, longs bois du cerf couronnant son crâne blanchi par l'averse et le gel, bouviers recyclant les étrons, râle des corneilles et bruissement des ailes du grand tétras, champignons véreux dégustés par une armée de limaces, vent qui siffle dans la sombre canopée, craquement des branches, échos des râles et des amours, brumes odorantes, déplacements furtifs des proies et des chasseurs, carcasses dévorées par des myriades d'asticots affamés, charognards invisibles et terriers profonds, tapis d'aiguilles, feuilles mortes en humus, tumulus des racines enchevêtrées, empreintes de sabots, griffes ou plumes, bauge des sangliers, mouches et moucherons...

Les intrigues du palais semblent irréelles en ces lieux désertés par l'homme. Les lourds volumes des chroniques de l'histoire ne sont que cellulose exsangue de chlorophylle, cimetières sauvages dans la bruine de l'automne.