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23/02/2017

ENCHAÎNEMENT LEXICAL ET TENDANCIEUX.... YEUX

Cet Enchaînement Lexical a été composé en révérencieuse référence à cet inégalable Poète qu'est Eric Ducelier. Un maitre!

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 (Comme il s'agit – cela ne vous aura pas échappé – d'un enchaînement lexical, il conviendra de remonter le fil des archives pour consulter les précédentes lettres de l'alphabet nous ayant conduits, non sans une ostentatoire désinvolture, jusque là...)

 

 

YEUX

 

Duo d’œils dont dispose la majorité de ceux à qui le destin n'a pas infligé le pesant fardeau d'être cyclope. Bien sûr, les yeux ont pour caractéristique principale et obligation première de participer activement à l'intensité, donc à la prépondérance du regard.

Pour dire davantage – à défaut de dire mieux – il y a d'un côté ceux dans lesquels transite un ciel fardé de noirceurs et de chagrins divers. Ceux-là épient avec acuité la réalité souvent tragique du quotidien. S'ils le faut, ils deviennent cassants, durs, féroces, hurlent leur colère en gerbes de silence, surpassant de ce fait la rudesse minérale du roc et la rigidité exclusive de l'acier.

Extraordinairement expressifs, ils se détournent parfois, par pudeur et simple respect ou bien traversent avec ostentation l'épais mutisme, juste pour dire l'éprouvante absence de l'Autre.

Enfin ils sont, et nous avons tous déjà eu l'occasion de le constater, de vifs agents fureteurs et pleins d'expérience.

La chose est certaine, ils possèdent une âme d'une richesse inouïe fréquemment associée à un charme fou. Ils possèdent au tréfonds le goût des belles choses, ainsi qu'une formidable aptitude à la découverte des merveilles les mieux dissimulées. Ce qui donne à leur nobles qualités de cœur, la belle opportunité de lui offrir une immense paix intérieure.

Au final, ils savent être d'une inadmissible beauté. Illuminés de délicatesse, et comme rassasiés déjà d'un bonheur absolu, ils communiquent des ondes de possible leur enjoignant, et c'est bien là une singulière et incommensurable opulence, de parvenir à tutoyer un jour le zénith.

P. MILIQUE

 

ZÉNITH

08/03/2015

MÉTEMPSYCHOSE 2

au magma présent de l'écriture,

 

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

MÉTEMPSYCHOSE

2

Pièce égarée dans l’irrésistible complexité du puzzle humain,
On s’accroche avec obstination au féroce viscéral du vivre.
Le front ceint d’une tresse de braises vives aux quêtes erratiques,
On se prend néanmoins à croire encore à l’imprévisible tendresse.
A ce moment, des pas résonnent dans le couloir où l’espoir balance,
Et le cœur révélé retrouve ce que les yeux avaient un temps perdu.

La vie, inépuisable et têtue, finit par reprendre le dessus
Et, même s’il n’est pas facile d’être ce qu’en soit on rêve,
Il arrive parfois que le fil du quotidien de ce qui s’écrit
Frôle de manière surprenante ce qui s’apprêtait à se dire.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

23/11/2013

LE BLUES DE L'AMPUTE

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LE BLUES DE L'AMPUTE


Elle a fait de lui son chez elle
Obscène et incontrôlable kyrielle.
Une douleur stridente s'installe
Souffrance absolue, noire et brutale.

Rien ne peut contenir l'active prolifération
Galopante et abjecte d'autant de collections.
L'infection fourbe et monstrueuse se propage
Saturée de prédateurs fous et anthropophages.

Quand la guerre engagée un certain jour se perd
Il comprend rapidement, ils n'en font pas mystère,
Les docteurs vaincus et accablés se taisent
Il n'y aura pas d'avenir autrement qu'en prothèse.

C'est ce supplice féroce qui depuis tout ce temps
Le brise au quotidien de lourds et vifs tourments.
Que tout cela se termine pour enfin anoblir
Cette volonté farouche qui ne voulait faiblir.

L'acte est effectué et le calvaire en est réduit
A le quitter contraint plutôt qu'en éconduit.
Un soulagement vrai, en effet magistral,
Le rend vainqueur d'un hier où ce fut animal.

Mais rien jamais n'est vraiment facile
Aussi pas de regrets, seulement l'indélébile.
Le manque apparaît, indescriptible fatras
De ce qui a été, qui plus jamais ne sera.

Image désolante au souvenir de ce qu'il fut
Mémoire irrémédiable de ce qui est perdu
Il tente de trouver un sens à l'issue inexorable
De ce déni de justice inouï autant qu'inacceptable.

Ce n'est pas seulement une bribe soustraite au hasard du monde
C'est la dilatation de l'unité de vie qui est moribonde
Enveloppe qui davantage encore s'échappe et se diffracte
En questions taraudeuses sur l'absence inexacte.

Il est partie prenante de ce drame impuni
De ce doute qui s'ouvre en fragments d'infini.
L'incomplet, c'est la conséquence du corps éreinté,
Fautive trahison qu'exige la nécessité.

Sensations d'éclatement, de rupture, de dérives,
Ne peuvent s'exprimer qu'en étant destructives.
Alternative désespérée unissant des scissions d'existence
Qui révèlent les échos rugissants de son propre silence.

Profondément perturbé, il perd de sa prestance
Dans ce conflit cruel dont il fait sa pitance.
Étrange confrontation à une violence totalitaire
D'un ultime champ de tension qui ne veut pas se taire.

Furie noire, fulgurance rare et plaintive,
Taillée dans le nerf à nu d'une toile rétive
Assemblage fou d'éclats d'urgence et d'effractions
En l'insatiable subir d'une grande malédiction.

Préoccupations taciturnes comme un genre d'égarement
Dont l'enjeu principal se délite précisément
Labyrinthique atmosphère tissée de décadence
D'une perfide détresse qui se fait évidence.

Les certitudes lacérées et le bonheur en sang
Ne plus rien entendre que pépiement au vent
D'un réel existentiel pesant et désinvolte
Circonstancié encore d'incandescente révolte.

Il croyait avoir gagné. Sauf que le soleil complice s'est voilé
Lorsque son œil rebelle a saisi le cauchemar coupé.
Liberté inconsciente en quête d'un devenir arc-en-ciel
Expression colorée d'un rêve terni d'irrationnel.

En son tréfonds maintenant qu'est passée la stupeur
Règnent en chaos la tristesse, l'atrabile et la peur
Et se conjugue en creux l'étonnement d'être avec celui d'avoir été
Au fil des notes dissonantes et tuméfiées du blues de l'amputé.



P. MILIQUE