01/02/2017
ENCHAÎNEMENT LEXICAL ET TENDANCIEUX.... BAISER
Cet Enchaînement Lexical a été composé en révérencieuse référence à cet inégalable Poète qu'est Eric Ducelier. Un maitre!
BAISER
Maîtrise initialement approximative d'une action mécanique se manifestant sous la forme étrange d'une gymnastique linguale singulière et plus ou moins prolongée.
A chacun sa technique! Toutefois l'organisation intime, aussi humide qu' ouvertement artisanale et maladroite, reste d'une grande importance.
Notons que tout un chacun s'accorde à reconnaître que le baiser met en œuvre tout un savoir faire buccal parfaitement singulier, et pour le moins insolite.
Prodigieuse activité à l'étonnante vertu communicative, le baiser se décline généralement avec un fiévreux enthousiasme. Il le fait sur un mode continu ou alternatif à l'envoûtante puissance active.
Par ailleurs, il se révèle être une occupation parfaitement rassembleuse et œcuménique, puisqu'elle est exécutée de nombreuses fois au quotidien même par le plus mécréant d'entre nous.
Si tel est le cas, c'est bien parce que le baiser est réputé savoir exprimer, avec une clarté déroutante, et une anarchique effusion aussi, au partenaire choisi tout ce qu'on a – peut-être – sur le cœur.
(CŒUR)
P. MILIQUE
07:49 Publié dans ENCHAÎNEMENT LEXICAL ET TENDANCIEUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, baiser, lexique, dictionnaire, maitrise, initiale, approximatif, action, mécanique, se manifester, sous la forme, étrange, gymnastique, lingual, singularité, prolongation, technique, oraganisation, intimité, humidité, artisanal, maladroit, importance, s'accorder à reconnaitre, mettre en oeuvre, savoir faire, insolite, prodigieux, activité, étonnement, vertu, communicatif, se décliner, fièvre, enthousiasme, mode alternatif, envoûtant, puissance, se révéler, occupation, rassembleur, oecuménique, exécuter, quotidien, mécréant, député, réputation, clarté, déroutant
13/11/2014
EN MODE SURVIE 2
A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
EN MODE SURVIE
2
Parfois la tristesse est une enfant
Qui, en descendant sur l'esprit, se pose comme la nuit.
Ou alors, redondante voyageuse solitaire,
Elle s'affirme telle l'ultime fleur
D'un vieil arbre décharné et agonisant.
Un long chemin de pluie sous un immense ciel gris
Sur lequel flâne la tristesse, nonchalante.
On a beau aimer entendre la nuit tomber,
Le froid et l'humidité ralentissent tout de même nos envies.
Et l'on tangue, désarticulé, au roulis du chagrin
Qui est en nous tel une barque qui flotte
Toute en ondulations, chevauchant les remous.
Ce faisant, le moral lui aussi est à la pluie et à la brume,
Et la tristesse semble prendre un malin plaisir
A toujours se déposer sur les points déjà sensibles
Et, lorsque l'on est accablé, on ne voit bien sûr plus
Que la face lasse et sombre de chaque chose.
Après la pluie vient le beau temps assure-t-on !
Cela tombe bien, demain est un autre jour.
Joie prévisible de l'alternance.
D'ailleurs, tout n'était certainement que de la fatigue...
(A SUIVRE...)
P. MILIQUE
10:07 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma présent de l'écriture, survivre, perfection, tristesse, enfance, descendre, spirituel, poster, nictalope, redondance, voyageur, solitaire, s'affirmer, tellurique, liturgisme, ultime, fleurir, vieille, arbre, décharné, agonisant, long;cheminer, pluie, immensité, ciel, gris, flâner, tristounet, nonchalance, beauté, amour, aimer, entendre, tombeau, froid, humidité, ralentir, momifier, envier, tangage, tanguer, désarticulé, roulis, chagrin, barque, flotteur, ondulatoire, chevaucher, remous, friable
04/02/2012
Gérard PHILIPE "La mort du Loup" (Alfred de VIGNY)
Gérard PHILIPE dans un enregistrement historique des
années "'50" du poème d'Alfred de Vigny "La mort du loup".
I
"Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçus les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait: " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."
08:11 Publié dans POESIES DITES EN IMAGES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, nuage, lune, enflammer, incendie, fumée, bosquet, noircir, horizon, marcher sas parler, humidité, gazon, bruyère, épaisseur, hauteur, spin, landes, apercevoir, ongles longs, voyageur, loup, traquer, écouter, retenir sa respiration, haleine, un pas suspendu, bois, paine, vent, au-dessus des terres, effleurer, pieds, tour, solitaire, chêne, roc, pencher, coudes, sembler dormir, coucher, brire, baisser la tête, vieux chasseur, se mettre en quête, regarder, sable, pris en défaut, déclarer tout bas, marques récentes, annoncer démarche