Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/07/2015

A L'EXTRÊME LIMITE DU SOUFFLE 2

au magma présent de l'écriture,

 

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

A L'EXTRÊME LIMITE DU SOUFFLE

2

Chaque jour le besoin s’accroît d'une indépassable tendresse
Qui induit l'amour et enrichit l'exact jour de son irrémédiable.
Dès lors, ne plus rien attendre de l'Autre que lumière et vie,
Et prendre conscience que le rendre heureux épanouit chacun.

Le vertige est réel provoqué par cet amour dardé de soleil
Que les ténèbres mêmes ne sauraient en aucun cas obscurcir.
Cet amour qui investit et submerge, il faut le vivre en entier,
A l'extrême limite du souffle. Observer son sourire troublant.
L'entendre vibrer de joie profonde, amoureux à perte de rire
Tant les choses ne se révèlent aimées vraiment qu'à voix haute.

Avoir ancré en son tréfonds, calme et lucide, le désir d'aimer
Au plus près de l'équilibre harmonieux qu'est le bonheur à deux.
Comment résister à la perspective de l'union décidée pour la vie,
Irréductible certitude d'un jour doré dans la sensuel de l'été.

(FIN)


P. MILIQUE

21/12/2014

CRÉPUSCULE FINAL 1

CREPUSCULE.jpg

 

CRÉPUSCULE FINAL

1

 

Le vieil homme semble accablé.

Il se dirige d’un pas lourd et traînant jusqu’au banc le plus proche, là où il pourra se reposer et donner, l’espace de quelques précieux instants, congé à son corps.

Une fois installé, la sensation d’apaisement est tellement réelle et libératrice, que déjà les considérations d’ordre physique s’estompent et laissent une place progressivement totale à d’autres, plus cérébrales.

Le vieil homme maintenant installé, le menton posé sur ses deux mains réunies tenant avec fermeté le pommeau mal ouvragé de sa canne, le regard parcimonieux, presque éteint, parait véritablement absorbé. Il l’est en effet. Parce qu’il pense.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

17/09/2014

CLAIRIÈRE DE VIE 1

au magma présent de l'écriture,

 

CLAIRIÈRE DE VIE

1

Il me plaît de t'imaginer, promeneuse attentive sous le soleil d'été,
Entièrement absorbée par l'admiration d'un paysage au vert éclatant.
L'air est lourd, épaissi plus encore par la chaleur craqueuse d'instants.
Tout là-haut se devine, sous ton regard, la silhouette floue d'un rapace qui,
D'un cri sibyllin décoché en brèves stridences, te souhaite la bienvenue.

Tu déambules, nonchalante, au milieu des hautes herbes tachetées
De belles fleurs jaunes et mauves, ponctuation de violentes douceurs.
Pour en atténuer l'intensité lumineuse, tu te glisses derrière les fougères
Et t'abrites à l'ombre des sapins voisins pour en savourer la fraîcheur.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

03/03/2014

JE ME REPROCHE 8

REPROCHE.jpg

Je me reproche de ne me montrer

Que très rarement à la hauteur

Et de ne pas savoir trouver en moi

La force de livrer l'ultime combat

Considéré comme perdu d'avance.

07/11/2013

FOR INTÉRIEUR: HUIT LECTEURS EN QUÊTE D'AUTEUR « JE N'AI PAS DE PATRON »

 

FOR INTÉRIEUR
HUIT LECTEURS EN QUÊTE D'AUTEUR

(13’52’’)
« JE N'AI PAS DE PATRON »


Ça pourrait être un jeu : huit personnes lisent un texte qu'elles ne connaissent pas. L'une d'entre elles en est l'auteur. De qui s'agit-il ? Et de quoi parle ce texte que chacun comprend à sa manière ? Ça peut aussi être une fenêtre ouverte sur l'esprit du lecteur : à quoi pense-t-on quand on lit ? Réponses dans "For intérieur".

 

Enregistrement : février-mars 13
Mise en ondes & mix : Samuel Hirsch & Arnaut Forest
Réalisation : Claire Hauter

17/10/2013

INFIRMITÉ DE L'ESPRIT

 

vagabonds-1.jpg 

ARTHUR RIMBAUD

 

INFIRMITÉ DE L'ESPRIT

 

Le monde ne semble pas fait pour être compris

Et rend l'homme bien miséreux face à ce grand mystère.

 

Je trouve si rarement les mots qui disent...

Il s'agit peut-être bien là de prétention exorbitante

Mais je verse des larmes de honte et de confusion

Lorsque je découvre avec stupeur et colère

Que je ne sais rien contre la transparence à travers la densité !

 

A éprouver la consternante infirmité de mon esprit,

Il m'est aisé de ressentir le sentiment profond

De mon impossibilité cérébrale d'être à la hauteur

Quand, au sortir de la germination des graines dans la nuit,

Je consume toutes les heures du matin

Pour, dans l'aveu de mon écrasement devant l'essentiel,

Aboutir au lamentable d'approximations aussi grossières...

 

P. MILIQUE

24/07/2013

J'ACCUSE 33

J'ACCUSE.jpeg

 

J'accuse l'Homme

De posséder

Un univers mental grossier

Qui admet de composer

Avec la censure

Plutôt que de la censurer

Tout comme je l'accuse

De ne pas fréquenter

Des hommes de haute culture,

Ou des hommes de rencontres

Et d'amitiés.

04/02/2012

Gérard PHILIPE "La mort du Loup" (Alfred de VIGNY)

 

Gérard PHILIPE dans un enregistrement historique des
années "'50" du poème d'Alfred de Vigny "La mort du loup".

 

I
"Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçus les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait: " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."