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19/01/2016

TAPIS ROULANT 1

au magma présent de l'écriture,

 

TAPIS ROULANT

1



Comme tous les jours, sur le trajet du retour me menant de mon lieu de travail à mon domicile, j'empruntai le tapis roulant par la file de droite,
Celui-ci permettait de rejoindre la ligne RER en direct.
Il se trouve que ce soir-là, il ne fonctionnait pas.
Mais, comme je ne m'en aperçus pas tout de suite, je continuai à progresser dessus, mésestimant tout à fait alors l'effort imprévu que j'aurais à fournir.
Chemin faisant, je dévisageais avec envie les mines apaisées et les regards détendus des personnes que je croisais, et qui se laissaient benoîtement transporter par leur tapis à eux, sur la file de gauche.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

19/01/2015

AU MITAN 2

au magma présent de l'écriture

 

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

AU MITAN

2
Avec une allégresse dénuée de toute précipitation,
Avec aussi une grande réserve de sagesse disponible,
Elle a su maintenir de la continuité dans l'altération
Du temps, savourer la vie, déguster chaque occasion,
Rester gourmande des visages et des gestes quotidiens.
Et s'enrichir de cette mine de riens qui font la maturité
Sans jamais à aucun moment initier une mise en danger
Ni même juste fragmenter la beauté de certains instants.

Désormais, nous le savons, l'existence au fil du quotidien
Se décline avec tous les impondérables de la haute-voltige,
Telle une aventure calamiteuse, un hymne à l'étonnement.

Au cœur de cette rémanence réside le paradoxe cardinal.

(FIN)


P. MILIQUE

03/10/2013

POT DE DÉPART COLLÈGUE A DURÉE DÉTERMINÉE « LEUR GENTILLESSE ET LEUR BONNE HUMEUR»

 

Chers collègues, 
Chers amis,

      Ca se passe à ARTE comme partout ailleurs, j'imagine. Partout où on a la chance de travailler avec de la moquette au sol et des écrans plats. On arpente ces couloirs familiers en chantant le Morrissey qui convient au baryton extraverti, tout est comme d'habitude, sauf qu'un beau jour on ne reconnaît plus personne. Qui sont ces jeunes gens qui se croient chez eux ? On se frotte les verres : serait-ce déjà Noël ? A Noël les enfants des salariés envahissent l'entreprise. Un autocar les prend pour les mener aux clowns, laissant les employés nullipares déprimer en silence à la cafétéria. J'en profite pour m'élever contre la politique outrageusement familiale du comité d'entreprise. Je réclame pour les salariés célibataires une fiesta du même ordre, avec distribution de prophylactiques et de mdma. Bref, ces coiffures en cascade, ces tatoués de frais, ces grandes tiges inconnus passent ici sans nous voir. Ils répondent en vouvoyant et louvoient en nous voyant. Une seule chose console de leur impudence, ils ne durent pas. On apprend leur prénom à leur pot de départ,  devant un pâté en croûte et des bonbons. Cette semaine nous rendons hommage à cette jeunesse précaire, ces salariés jetables. Nous parlons du silence entre les images. Écoutons l'homme qui trompe la mort. Jetons dans un piano des objets contondants. Des sons, des blagues et un adieu.

POT DE DÉPART
  COLLÈGUE A DURÉE DÉTERMINÉE
« LEUR GENTILLESSE ET LEUR BONNE HUMEUR»

(1'26")


Dans toutes les entreprises c'est pareil. Le temps de retenir un prénom, on lui dit déjà au revoir devant un pâté en croûte et des bonbons haribo. Et on reçoit une lettre touchante de salarié précaire.


Enregistrement : 20 septembre 13
Idée : Silvain Gire
Voix : Cécile Cozzolino
Réalisation : Samuel Hirsch