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07/02/2016

FÉLIN POUR ELLE 4

au magma présent de l'écriture,

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

FÉLIN POUR ELLE

4

-- Ah, c'est toi? Bonjour l'Ours! 
-- Et oui, ça n'est que moi! Bonjour Eliott. Ça me fait tout drôle sais-tu de t'appeler comme ça. Il est charmant ton prénom. Même si, pour être sincère, j'ai eu un peu de mal à m'y faire. Mais tout compte fait, il me plaît bien. Trop top, trop fun!
-- Bienheureux pour toi...
-- Il est vrai qu'au début, il ne m'a guère arrangé.
-- Arrangé? Tu veux dire quoi là?
-- Et bien si tu veux, il s'en est fallu de peu que tu te nomme Edgard, et...
-- Edgard! Vraiment?
-- Comme je te le dis! Et comprends bien qu'avec un tel patronyme les choses auraient été plus ludiques pour moi. J'aurais pu laisser libre cours à ma verve habituelle. Verve qui se traduit vite, si personne n'y prends garde, en une grande et ininterrompue fabrique de jeux de mots laids.
-- Et alors?
-- Alors? Je sais pas moi... On se serait follement amusé! J'aurais sûrement essayé... Edgard routière..., Edgard au morille..., Edgard gant tua..., Edgard...
-- C'est bon, c'est bon. Et comme d'habitude ça n'aurait fait rire que toi.
-- Probable oui.
-- Alors écoute ça: moi c'est Eliott, tu comprends? Je te sais un peu lourd l'Ours, cependant...
-- Non, non... J'entends bien. Je suis pas compliqué comme garçon: Eliott tu dis être, donc Eliott tu es! Et puis en vrai, c'est drôlement classieux comme prénom. C'est de grande noblesse et ça en impose grave. Il n'empêche qu'il a fallu à ta maîtresse attendre pour choisir un tel incorruptible Qu'Eliott naisse! Eliott naisse... Ça te fais pas rire ça Eliott Ness?

( SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

24/07/2013

LA BOÎTE A LETTRES: JEAN COCTEAU "A VALENTINE HUGO"

 

LA BOÎTE A LETTRES

JEAN COCTEAU

"A VALENTINE HUGO"

(© copyright Musée des Lettres et Manuscrits)

26 janvier 1923

 

Chère Valentine

 

Même tendresse même pensée de chaque jour mais une vie sans papier ni encre, sans calme, sans courage pour raconter le détail. Antigone marche très bien malgré les acteurs qui « redeviennent eux-mêmes » et les costumes sales. Je corrige les épreuves du grand écart et Mr BB* sa dactylographie car son livre n’est pas encore chez l’imprimeur..  Livres et dessins paraîtront en février. Prix franco-américain (roman) 10000 francs. Jury Morand Giraudoux Max Jacob Bernard Fay Jacques de Lacretelle Valéry Larbaud et moi. Assez drôle n’est-ce pas ? Gallimard m’a demandé un témoignage de réconciliation. J’ai donné Thomas. [THOMAS L'IMPOSTEUR]. Il va le mettre en train tout de suite. Il voudrait m’épouser complètement. Mais je suis lié avec Stock . Maison parfaite et charmante. Je tromperai Stock de temps en temps avec la NRF  si elle se montre amoureuse. Vous devez bien rire de ces nouvelles qui allongent le nez de Gide. Nous avons donné Antigone au vieux colombier. Le public ricanait et riait. Gide a eu le toupet de mettre ces rires sur mon compte. Je lui ai répondu que c’était le résultat du beau travail de la NRF. A mon égard – ici phrase sublime : peut-être dit il y a-t-il de la faute du public car dans Saül j’ai voulu faire rire et personne n’a ri. Voyez je bavarde et je ne demande pas si la jambe de Jean va vite le porter jusqu’à moi qui l’embrasse et vous supplie de revenir vite

 

Jean

 

*[surnom de Raymond Radiguet, qui achève alors Le Diable au corps]

06/06/2012

Hervé CORNEROTTE: "A la promenade" (VERLAINE)

Hervé CORNEROTTE:

"A la promenade" 

(VERLAINE)

 

"A la promenade!

Le ciel si pâle et les arbres si grêles
Semblent sourire à nos costumes clairs
Qui vont flottant légers avec des airs
De nonchalance et des mouvements d’ailes.

Et le vent doux ride l’humble bassin,
Et la lueur du soleil qu’atténue
L’ombre des bas tilleuls de l’avenue
Nous parvient bleue et mourante à dessein.

Trompeurs exquis et coquettes charmantes,
Coeurs tendres mais affranchis du serment,
Nous devisons délicieusement,
Et les amants lutinent les amantes
De qui la main imperceptible sait
Parfois donner un souffle qu’on échange
Contre un baiser sur l’extrême phalange
Du petit doigt, et comme la chose est
Immensément excessive et farouche,
On est puni par un regard très sec,
Lequel contraste, au demeurant, avec
La moue assez clémente de la bouche."