SCULPTEUR DE MOTS
Il aime à se prétendre viking en acier trempé,
Alors que chacun le sait meurtri de bleus à l'âme...
Pour s'expurger de cette flagrance, il tente une écriture
Qui se tient en germe dans l'urgence proposée
Et suggère, de sa lame effilée, des reflets d'inquiétude.
Confronté à des situations rapidement délicates,
Il s'applique à effectuer sur le texte un travail obsessionnel,
A le peaufiner encore, soupesant jusqu'à la dernière virgule,
Tâchant d'identifier enfin la portée de ces armes invisibles,
Qui constituent la tonalité intrinsèque des mots,
Et de cette autre, soulignée d'incertains silences,
Avec un peu plus de folie et davantage d'audace.
Puis il résume son rapport presque permanent au monde
En empruntant le chemin de halage d'une rare intensité
Qui accueille les pas de la silhouette qu'il aimerait devenir:
Ombre portée d'un sculpteur passionné de la langue et des mots.
P. MILIQUE