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09/09/2016

TOMBER DU NID 2

au magma présent de l'écriture,

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

TOMBER  DU NID

2

 

Mais il y a une ombre dans l'espoir dérisoire:
L'oiseau a chuté du nid et il est mort ce soir.
Le piano s'est arrêter de jouer, tout est noir
Et mes ébauches manquent de perspectives.

Qui croire? Je vois l'horloge du temps hésiter.
Ivresse joyeuse: si elle pouvait enfin s'arrêter!

Tant pis. Une fois encore c'est lui qui a gagné.
D'ailleurs, inutile de perdre du temps à rêver,
Tant le temps me manque pour vous expliquer.

(FIN)

 

P. MILIQUE

13/03/2016

JE VOUDRAIS

au magma présent de l'écriture,

 

JE VOUDRAIS



je voudrais être un oiseau
Pour voltiger dans les airs,
Parcourir sans fin la terre
En découvrir les mystères.

Je voudrais être une goutte d'eau
Et tomber dans un flot de phrases
Où chaque mot s'apparenterait
A d'incontournables éclaboussures.

Sur cette page je serais oiseau
L'encre aurait sa transparence
Le papier l'argenté de ses ailes.

P. MILIQUE

23/09/2015

CRÉPUSCULE FINAL

CREPUSCULE.jpg

 

CRÉPUSCULE FINAL

 

Le vieil homme semble accablé.

Il se dirige d’un pas lourd et traînant jusqu’au banc le plus proche, là où il pourra se reposer et donner, l’espace de quelques précieux instants, congé à son corps.

Une fois installé, la sensation d’apaisement est tellement réelle et libératrice, que déjà les considérations d’ordre physique s’estompent et laissent une place progressivement totale à d’autres, plus cérébrales.

Le vieil homme maintenant installé, le menton posé sur ses deux mains réunies tenant avec fermeté le pommeau mal ouvragé de sa canne, le regard parcimonieux, presque éteint, parait véritablement absorbé. Il l’est en effet. Parce qu’il pense.

Il songe à l’opiniâtre sensation de malaise désormais quasi permanente qui est la sienne, inspirée par la fusion forcenée d’hallucinations cauchemardesques, aussi par la conscience évidente d’implacables lendemains. Il subit, en une sorte de chaos originel, le coup de fouet vif et cinglants des blessures qui se ravivent, déchirantes.

Au crépuscule de sa vie, il sait qu’il demande trop. Mais c’est un besoin. Alors, il exige.

Il exige l’absolu. Il le veut sublime. Jusqu’à, s’il le faut, l’apothéose mortelle et libératrice.

Mais le verdict de la vie lui reste obstinément hostile et défavorable et, il demeure un éternel errant malgré l’étonnante vitalité de ses cris de révolte et ce, en dépit de l’exorbitant privilège que lui octroie sa grande expérience de l’humanité, et trace avec obstination les frontières évidemment invisibles de son cœur maltraité.

Il s’épuise ainsi, au quotidien, dans la quête du plus infime de chaque instant à tenter de démêler la pelote très enchevêtrée de ses incohérences. Et toute la souffrance de l’existence reste là. Parce que chez lui, elle est chez elle. C’est ainsi.

Le pépiement des oiseaux maintenant rassemblés autour de lui comme s’ils voulaient participer à ses réflexions, le comprendre, l’aider, l’apaiser peut-être, l’arrache soudain à ses méditations. Un sourire incertain, un rictus plutôt, se dessine alors à l’embrasure de ses lèvres. Parce qu’il pense que jamais, même animé de regards multiples, le souci de l’autre ne saura pénétrer suffisamment l’épaisseur de l’intime. Jamais.

Il se lève avec difficulté. Il doit rentrer. Transporter à l’abri des regards le spectacle obscène de ses déchirements. S’enfermer derrière les barreaux protecteurs de sa pensée. Pour replonger une fois encore dans les images persistantes d’un passé lancinant, et se réfugier dans la pénombre nébuleuse des habituels et naïfs artifices de l’apparence. Retrouver, telle une parenthèse de calme et de quiétude le réconfort du silence. Ce silence qu’il sait exprimer la crainte des mots trop destructeurs. Et plus tard, sur la page complaisante, griffonner quelques mots pour, ultime tentative, exorciser enfin le désespoir ordinaire et poignant engendré par la vie. Des mots pour alléger l’insoutenable. Pour, esclave d’un anéantissement programmé, noircir la page d’une écriture humide et brûlante comme les larmes du cœur.

Les oiseaux se sont, avec une rare dignité, égaillés sur son passage. Ils sont devenus discrets. Muets.

Ils se comportent désormais en témoins fascinés par l’absolue vulnérabilité de l’Homme.

 

P. MILIQUE