16/10/2013
A FAIRE SAIGNER LE BLEU DU CIEL 4
A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
A FAIRE SAIGNER LE BLEU DU CIEL
4
Posséder, même un peu seulement, la magie impérieuse de quelques mots mystérieux.
Refuser de céder aux tentations pourtant bien séduisantes de la facilité,
Et rester définitivement exigeant, intransigeant sur le choix des mots.
Connaître enfin le scintillant tourbillon de pensées que je saurais mettre en forme.
Comme des traits vivants, traits de plume, traits d'esprit.
Composer un véritable opéra des soupirs et de la solitude,
Avec la mélancolie peut-être, d'un désaccord avec moi,
Et savoir dire toute la tristesse du monde. Tous les soleils aussi.
Tout cela sans hâte, sans dissonance.
Par simple plaisir de la lenteur. Et de la précipitation.
(A SUIVRE...)
P. MILIQUE
10:36 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, sanguin, sanguinaire, bleuet, posséder, possession, mômie, momifier, magie, impétieux, motiver, mystérieux, refuser, céder, tentation, séduisant, séduire, facilité, rester, définitif, exigeant, intransigeant, le choix des mots, connaître, scintiller, tourbillon, pensée, savoir, mise en forme, trat, vivace, plume, esprit, composer, vérifier, opéra, soupir, solitude, mélancolie, désaccord, savoir dire, tistesse, mondial, soleil, sans hâte, dissonance, simple, plaisir, lenteur
26/07/2013
LA BOÎTE A LETTRES: Romain GARY "A CHRISTEL"
LA BOÎTE A LETTRES
Romain GARY
"A CHRISTEL"
(© Musée des Lettres et Manuscrits)
Nice 14 IV 38
Ma petite fille, douce, mauvaise, bonne, unique...
Je me sens si affreusement triste et seul, que ta lettre, au lieu de m'égayer, m'a fait presque mal, m'a rendu plus triste encore et j'ai envie de pleurer comme un idiot. Si seulement je pouvais savoir que tu es à moi, à moi seul, à moi, rien qu'à moi, des pieds à la tête, de tout ton corps que je vois, comme si tu étais là couchée prés de moi, comme si je le caressais encore, partout, fillette, partout, de mes lèvres, de mes dents, de mes doigts...
Christel, dix jours sont passés depuis que tu es partie et maintenant, peut-être, tu sais mieux tu vois mieux si vraiment tu es à moi, à moi seul, comprends-tu, si toi et moi, c'est vraiment ça ou si seulement, c'était autre chose...
Je sais que tu es égoïste et que tu m'aimes dans la mesure ou ça te fait plaisir, mais je voudrais savoir si c'est quelque chose de plus fort que toi, si tu peux, vraiment, tout quitter pour être à moi, ou s’il s’agit seulement de ce genre d’amour dérisoire et charmant auquel " il est agréable de céder de temps à autre" comme Goethe ne l’a pas écrit.
C'est très beau, Christel, le chocolat de luxe et avec moi, je le crains, il y aura fort peu de chocolat, fillette, et encore moins de luxe...
Christel, souviens-toi que les choses au monde que je respecte le plus sont l'honneur et la droiture, souviens toi que si je t'aime comme femme c'est aussi parce que je t'aime comme homme et qu'un de nos deux amours n'ira, jamais, pour moi, sans l'autre... Il est très difficile d'être un homme. Mais s'il y a quelque chose qui compte, dans la vie, s'il y a quelque chose de vraiment sacré, c'est ça : être un homme. C'est dans la mesure où tu le seras, où que tu t'efforceras de l'être (car c'est peut-être impossible) que tu seras toujours toute proche de, moi, même si des milliers de kilomètres nous séparent, c'est par cette volonté dure d'arriver à être un homme que tu seras toujours au sens le plus beau de ce mot, ma femme ...J'ai peur, Christel, que tu ne comprendras pas ces quelques mots qui ont pour moi une si grande importance. J'ai peur, aussi, que ces mots soient impossibles à comprendre, en ce moment, à Vienne...
Si je te les écris, c'est parce-que, désespérément, je cherche quelque chose qui pourrait te rapprocher de moi... Et rien, jamais, ni le mariage, ni l'amour ni les enfants ne te rapprocheront de moi plus que ça : l'effort d'être un homme. C'est par cet effort, par cette volonté dure, par cette aspiration à la dignité humaine, à la condition humaine, que ton sang, Christel, sera dans mon sang, ta pensée dans ma pensée, et ta main fillette, dans ma main. Il y a peut-être trop de grandes lettres, trop de majuscules, dans ce que je te dis là. Mais ce ne sont pas des grandes lettres, des grands mots : ce sont, de grands sentiments et il ne faut pas avoir honte. Et puis, nous sommes seuls, en ce moment, toi et moi, personne ne nous écoute, nous pouvons parler tranquillement. Il y a bien cette horrible musique... mais je te parlerai dans l'oreille... comme ça... Il faut vivre pour cela, Christel.
Il faut travailler, lutter pour cela. Il faut aimer pour cela. Je dis « aimer » et non pas « faire l'amour ». Je voudrais être cet amour et que cet amour pour moi t'aide dans l'effort. Mais peut-être trouveras-tu un autre homme, qui t'aide mieux, plus que moi. J'en serais heureux... quoique malheureux... En tout cas, Christel, n'oublie jamais cela : rejette loin de toi l'amour qui n'enrichit pas, qui ne t'aide pas à être, à devenir homme. Je serais tellement heureux si je pouvais t'aider ! Mais il faut d'abord voir clair en toi même. Ce que je te conseille la demande beaucoup, beaucoup plus de courage que tu ne le crois. Ça n'a rien à voir avec le plaisir, et presque rien avec le bonheur... en tout cas, pas pour les gens qui croient- les malheureux ! Que le bonheur, c'est seulement le maximum de plaisir. Le bonheur - mon bonheur- c'est un chemin très dur. Sur ce chemin, il n'y a pas Sachs, il n'y a pas Bincens, il n'y a pas Lilliebro - il n'y a personne. Il faut du courage pour marcher seule sur ce chemin là, mais je te propose de marcher à deux : avec moi. Je crois que tu seras capable, un jour, de marcher sur ce chemin. Je l'ai pensé, quand je t'ai vu marcher dans la montagne, pieds nus... te souviens-tu ? Dans quelques jours, je t'enverrai une photo : toi et moi sur ce chemin là... Oui... Ne t'étonne pas ! Il faut travailler, ma lointaine, il faut étudier, être seule, lutter, souffrir beaucoup, dans l'effort et mépriser les hommes qui envoient des chocolats de luxe... Mon Dieu, je suis bête. Je t'ennuie. Non, peut-être...je ne sais pas. Quelque fois, je doute, je pense que je ne serai pas entendu... tu es tellement blonde ! J'ai parlé beaucoup trop... et je n'ai pas envie de m'arrêter... j'ai envie de continuer... je suis un imbécile ! Mais un imbécile qui t'aime.
Romain
23:24 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, romain gary, christel, musée des lettres et manuscrits, nice, petite fille, doux, mauvais, bon, unique, se sentir, affreux, triste, esseulé, s'égayer, faire mal, rendre triste, envie de pleurer, idiot du village, pouvoir, savoir, pied, tête, corps, coucher, caresser, fillette, lèvres, dents, doigts, passer, partir, maintenir, comprendre, autre chose, égoïsme, aimer, mesurer, faire plaisir, plus fort que soi, tout quitter, amour, dérisoire, charmantagréable, céder, de temps à autre, goethe, écrire, chocolat, luxe
29/03/2013
INSIDIEUSE ENNEMIE
INSIDIEUSE ENNEMIE
Se résigner à l'aventure pour se rapprocher de soi-même
Peut amener au vertige de l'identité qui trouble les esprit.
Dans un jeu de miroirs qui ne cède pourtant jamais
A l'illusion obstinée de la transparence à soi,
Se perçoit comme une zone inconnue et abandonnée
Dans les dédales insoupçonnés de sa propre intériorité.
S'élève alors le hasard de la conscience de ce qui est
Une folie dont chacun peut être amené à faire l'expérience.
Ennemie insidieuse d'une justesse souvent fulgurante
A éprouver. Irrépressible envol des sens sollicités
Au présage d'une répugnance morbide à mourir,
Dans l'impossible attente juste célébrée
De ce qu'il faut supposer de jours meilleurs.
P. MILIQUE
09:13 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, insidieus, ennemi, se résigner, aventure, se rapprocher, seul avec soi-même, amener, ramener, vertigineux, identité, trouble de l'esprit, jeu de miroirs, céder, portance, illusion, obstiné, transparence, se percevoir, zone inconnue, abandonner, insoupçonné, propreté, intériorité, s'élever, hasard, conscience, folie, faire l'expérience, justesse de ton, flgurance, éprouver, irrépressible, envol, sens giratoire, solliciter, présager, répugnance, morbidité, morbide, mourir, impossible attente, justesse, célébrité, célébrer, supposer, jour meilleu
03/01/2013
EXISTER A L'IMPARFAIT
EXISTER A L'IMPARFAIT
La source unie au fleuve de son théâtre secret
Se fait ombre incertaine entre chaos et innocence
Dans la forme finale à donner à son silence brisé.
Les reflets de cette laideur qui le hante
Lui intime de creuser dans le noir
A la recherche têtue d'une issue.
D'autres errances encore, obscures et solitaires,
Qui traversent les fêlures étonnées de cette douleur
Habitent un inédit espace-temps hors du temps.
L'ordre des choses et des sensations intérieures
Cède, exténué, face à l'incomparable affiché
D'une sorte d'extase mêlée d'éternité
Qui défie le noir jusqu'à la transparence
D'un cœur fauve habillé de couleur
P. MILIQUE
09:42 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, exister, imparfait, source, union, fleuve, théâtre, secret, ombre, incertitude, chaos, innocence, forme, finalité, donner, silence, briser, reflet, laideur, hantise, intimer, creuser, dans le noir, à la recherche, têtu, issue, errance, obscur, solitaire, traverser, fêlure, étonner, douleur, habiter, inédit, espace temps, hors du temps, l'ordre des choses, sensation, intérieur, céder, exténuer, face à face, incomparable, afficher, sortir, extase, mêler, éternité, défier