23/08/2013
LA BOÎTE A LETTRES: DIDEROT A MARIE-MADELEINE JODIN
LA BOÎTE A LETTRES
DIDEROT A MARIE-MADELEINE JODIN
(© Musée des Lettres et Manuscrits)
Lettre à Marie-Madeleine JODIN, Chez M. Jambellant, Marchand Sellier, Rue Porte-Basse, à Bordeaux.
21 novembre 1768.
Je vais, mademoiselle, répondre à vos deux dernières lettres. Je suis charmé que vos dernières petites commissions aient été faites à votre gré. Je n’ai point traité votre oncle trop durement. Tout homme qui s’établira chez une femme, qui y boira, mangera, qui en sera bien accueilli, et qui, au moment où cette femme ne se trouvera plus en état de lui rendre les mêmes bons offices, la calomniera, la brouillera avec sa fille, et l’exposera à tomber dans l’indigence, est un indigne qui ne mérite aucun ménagement. Ajoutez à cela le mépris qu’il a dû m’inspirer par ses mensonges accumulés. Quand on est assez méchant pour faire une noirceur, il ne faut pas avoir la lâcheté de la nier. Votre mère ne voit point, n’a point vu la dame Traas; elle n’a reçu de compagnie que celle que votre oncle lui a donnée, et il est faux qu’elle soit raccommodée avec lui.
M. Roger, qui vous est attaché, qui vous sert, qui ne demande pas mieux que d’être utile à votre mère, également maltraité dans le libelle de votre oncle, n’a eu que le ressentiment qu’il devait avoir, et, à son âge, ressentir et se venger, c’est presque la même chose. Bref, mademoiselle, je ne saurais souffrir les gens à ton mielleux et à procédés perfides. Si vous eussiez donné un peu plus d’attention à la lettre qu’il vous a écrite, vous y eussiez reconnu le tour platement ironique, qui blesse plus encore que l’injure. On a fait toutes les démarches nécessaires pour préparer à sa fille un avenir moins malheureux; il s’y est opiniâtrement refusé. Il a mieux aimé la garder et la sacrifier à ses prétendus besoins domestiques. Vous voilà quitte de ce côté, envers vous-même et envers votre nièce. Vous avez un autre pauvre parent qui s’appelle Massô, qu’on dit honnête homme, et qui se recommande à votre commisération. Le secours le plus léger lui servirait infiniment. Voyez si vous voulez faire quelque chose pour lui; ce sera une bonne action une fois faite. J’ai fait passer à votre oncle la dernière lettre que vous lui avez écrite, mais il me reste entre les mains un gros paquet à son adresse, que j’ai retenu jusqu’à ce que vous fussiez instruite de ses procédés, et que vous m’apprissiez l’usage que j’en devais faire. Vous ne m’avez rien répondu sur ce point, et le paquet tout cacheté est encore sur ma table, tout prêt ou à vous retourner ou à aller à votre oncle, comme vous le jugerez à propos. Ne m’oubliez jamais auprès de M. le comte. Le meilleur moyen que j’aie de reconnaître ses marques d’estime, c’est de vous prêcher son bonheur. Faites tout, mademoiselle, pour un galant homme qui fait tout pour vous.
Songez que vous êtes moins maîtresse de vous-même que jamais, et que la vivacité la plus légère et la moins déplacée serait ou prendrait le caractère de l’ingratitude. Il sent trop délicatement pour déparer ses bienfaits; vous avez de votre côté un tact trop fin pour ne pas sentir combien votre position actuelle exige de ménagement. Une femme commune se croirait affranchie, et vous serez cette femme-là si vous ne concevez pas que c’est de cet instant tout juste que commence votre esclavage.
Il peut y avoir des peines pour vous, il ne doit plus y en avoir pour lui. Il a acquis le droit de se plaindre, même sans en avoir de motif, vous avez perdu celui de lui répondre, même quand il a tort, parce qu’il vaut mieux souffrir que de soupçonner son coeur. Je n’oserais approuver vos tentatives au théâtre, je ne vois pas un grand avantage à réussir, et je vois un inconvénient bien réel à manquer de succès. Ce que vous perdrez dans l’esprit de M. le comte par le défaut de succès est bien au-dessus de ce que vous y gagnerez par des applaudissements. Mademoiselle, ne vous y trompez pas; malgré qu’il en ait, un refus du public ou du tripot fera effet sur lui. C’est ainsi que l’homme est bâti. Je ne suis point surpris de son ennui dans une ville où il y a si peu de convenances avec son cœur, son caractère et ses qualités personnelles. S’il m’offre l’occasion de lui être utile, vous ne doutez pas que je ne sois très-heureux de la saisir. Tout ce que vous prévoyez de son sort me paraît bien pensé, et je ne le lui dissimulerai pas. Au reste, je garderai le silence sur tout ceci avec madame votre mère.
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03/06/2013
CHRONIQUE DE PHILIPPE MEYER : 03/06/2013
CHRONIQUE DE PHILIPPE MEYER
03/06/2013
14:07 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, johnny halliday, carcassonne, frisquet, température de saison, atteindre, toulouse, bordeaux, ajaccio, gretagne, cumulus, rester sensible, menacer, asquer le soleil, le sud, ariège, pays basque, roussillon, tramontane, mistral, galèrer, adèle h, le monde à mes pieds, frémir, arpège, hôpital, vol au vent, fuir, chercheur, amour, amant, maîtresse, arme à feu, arbalète, culinaire, exister
01/05/2013
LA MINUTE NECESSAIRE DE MONSIEUR CYCLOPEDE : "EMBELLISSONS UN EPOUVENTAIL"
LA MINUTE NECESSAIRE DE MONSIEUR CYCLOPEDE
"EMBELLISSONS UN EPOUVENTAIL"
Avec un bon coup de peigne, Cyclopède (Pierre DESPROGES) rend un homme laid, présentable.
- Emission
- La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède
- Production
- producteur ou co-producteur
Agence, Paris : France 3
- Générique
- réalisateur
Fournier, Jean Louis - producteur
Desproges, Pierre - interprète
Desproges, Pierre
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20/04/2013
LUDOVIC JANVIER: "DIRE BLEU"
LUDOVIC JANVIER
"DIRE BLEU"
Lu par Sylvia BERGE
Extrait de Doucement avec l’ange, Gallimard, 2001
Ludovic Janvier, d’ascendance haïtienne et française, est né à Paris en 1934. Il y vit depuis le plus clair de son temps. L’envie d’écrire est chez lui très ancienne, remontant à l’adolescence. Le parcours public commence par une réflexion sur le Nouveau Roman (Une parole exigeante, 1964) et surtout deux essais consacrés à l’œuvre de Samuel Beckett (Pour Samuel Beckett, 1966, et Beckett par lui-même, 1969) avec lequel il traduit de l’anglais D’un ouvrage abandonné (1967) et Watt (1968). En somme, une lente préface à la vie d’écrivain.
C’est avec La Baigneuse, roman (1968), qu’il s’engage tout à fait dans l’écriture de la parole. S’ensuivront deux fictions cruciales : Naissance et Monstre, va. Puis son goût pour l’écart et sa passion de l’instantané le conduisent vers le poème (La mer à boire, Doucement avec l’ange, Une poignée de monde) et la nouvelle (Brèves d’amour), deux formes plus fidèles à la vitesse de l’émotion.
À partir de là, conscient d’écrire pour la voix et de situer son travail hors les genres, il continue son va-et-vient entre prose et poésie. Avec pour mot d’ordre cette poignée de vers :
Respirer mis à part
le plus clair de ta vie
passe à chercher les mots
qui diront comme ils peuvent
le plus clair de ta vie
respirer mis à part
Poèmes choisis par Sophie NAULEAU
Prise de son, montage: Serge RISTICistic, Manon HOUSSIN
Assistant à la réalisation: Guy PEYRAMANCE
Réalisation: Marguerite GATEAU
17:52 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, évian, lorient, troyes, bordeaux, jacques dupin, léonie simaga, suliane brahim, privas, ardèche, rené char, andré du bouchet, yves bonnefoy, gaëtan picon, louis rené des forêts, michel leiris, paul celan, sophie nauleau, bruno mourlan, philippe carminati, benjamin hu, laure égoroff, putain, se prostituer, gueule de métèque, la mouise, importuner, sociabiliser, restaurer, mariage, fidèlité, souvenir, fabriquer, malentendu, cadeau, congédier, gueuler, syndicaliste, julie sicard, éric génovèse, marie sophie ferdane, sans passer par la gase par la case départ, roi du monde, miel, sylvia bergé, hameçonner, ame soeur, déconner, prisonnier, lascif
19/04/2013
LUDOVIC JANVIER: "VU LES FONTAINES DE FRAICHEUR ... BON D'ACCORS ALLEZ JE RESTE"
LUDOVIC JANVIER
"VU LES FONTAINES DE FRAICHEUR ... BON D'ACCORS ALLEZ JE RESTE"
Poème de LUDOVIC JANVIER
Lu par HERVE PIERRE
Extrait de Une poignée de monde, Gallimard, 2006
Ludovic Janvier, d’ascendance haïtienne et française, est né à Paris en 1934. Il y vit depuis le plus clair de son temps. L’envie d’écrire est chez lui très ancienne, remontant à l’adolescence. Le parcours public commence par une réflexion sur le Nouveau Roman (Une parole exigeante, 1964) et surtout deux essais consacrés à l’œuvre de Samuel Beckett (Pour Samuel Beckett, 1966, et Beckett par lui-même, 1969) avec lequel il traduit de l’anglais D’un ouvrage abandonné (1967) et Watt (1968). En somme, une lente préface à la vie d’écrivain.
C’est avec La Baigneuse, roman (1968), qu’il s’engage tout à fait dans l’écriture de la parole. S’ensuivront deux fictions cruciales : Naissance et Monstre, va. Puis son goût pour l’écart et sa passion de l’instantané le conduisent vers le poème (La mer à boire, Doucement avec l’ange, Une poignée de monde) et la nouvelle (Brèves d’amour), deux formes plus fidèles à la vitesse de l’émotion.
À partir de là, conscient d’écrire pour la voix et de situer son travail hors les genres, il continue son va-et-vient entre prose et poésie. Avec pour mot d’ordre cette poignée de vers :
Respirer mis à part
le plus clair de ta vie
passe à chercher les mots
qui diront comme ils peuvent
le plus clair de ta vie
respirer mis à part
Poèmes choisis par Sophie NAULEAU
Prise de son, montage: Serge RISTICistic, Manon HOUSSIN
Assistant à la réalisation: Guy PEYRAMANCE
Réalisation: Marguerite GATEAU
23:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, évian, lorient, troyes, bordeaux, jacques dupin, léonie simaga, suliane brahim, privas, ardèche, rené char, andré du bouchet, yves bonnefoy, gaëtan picon, louis rené des forêts, michel leiris, paul celan, sophie nauleau, bruno mourlan, philippe carminati, benjamin hu, laure égoroff, putain, se prostituer, gueule de métèque, la mouise, importuner, sociabiliser, restaurer, mariage, fidèlité, souvenir, fabriquer, malentendu, cadeau, congédier, gueuler, syndicaliste, julie sicard, éric génovèse, marie sophie ferdane, sans passer par la gase par la case départ, roi du monde, miel
18/04/2013
JACQUES DUPIN : « ECRIRE DE FROID »
JACQUES DUPIN
« ECRIRE DE FROID »
Poème de Jacques DUPIN
Lu par Marie-Sophie FERDANE
Echancré, POL, 1991
Jacques DUPIN est né en 1927 à Privas, en Ardèche. Il vit à Paris depuis 1944. Marqué par sa rencontre avec René Char, en 1947, il est l’un des fondateurs de la revue L’Éphémère, en 1966, aux côtés d’André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Gaëtan Picon, Louis-René des Forêts, Michel Leiris et Paul Celan. Liés aux plus grands artistes de son temps, Jacques Dupin devient, en 1956, directeur de la galerie Maeght continuée par la galerie Lelong en 1981. Critique d’art, il a consacré de nombreux essais aux peintres contemporains. Sa poésie, sans compromis ni nostalgie, est une profération sans prophétie ni message, un surgissement d’autant plus brutal qu’il ne se soucie pas de ses ravages. Pour preuve ces « Fragmes » tirés d’Échancré, 1991. Ou encore Contumace (1986), Les mères (1986), Le grésil (1996), Coudrier (2006)…
Poèmes choisis par Sophie NAULEAU
Prise de son, montage, mixage : Bruno MOURLAN, Philippe CARMINATI
Assistant à la réalisation : Benjamin HU
Réalisation : Laure EGOROFF
18:01 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, évian, lorient, troyes, bordeaux, jacques dupin, léonie simaga, suliane brahim, privas, ardèche, rené char, andré du bouchet, yves bonnefoy, gaëtan picon, louis rené des forêts, michel leiris, paul celan, sophie nauleau, bruno mourlan, philippe carminati, benjamin hu, laure égoroff, putain, se prostituer, gueule de métèque, la mouise, importuner, sociabiliser, restaurer, mariage, fidèlité, souvenir, fabriquer, malentendu, cadeau, congédier, gueuler, syndicaliste, julie sicard, éric génovèse, marie sophie ferdane