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12/06/2014

INCOMPRÉHENSION

au magma présent de l'écriture,

 

INCOMPRÉHENSION

 

Tout ce temps à n’écouter que l’ampleur de ton silence

A été particulièrement éprouvant à mon cœur endolori.

 

Douleurs de l’incompréhension à souligner le manque!

 

Pourquoi cette mise à distance, cet amour tenu en jachère ?

Encore qu’il existe probablement un réel motif d’opprobre:

La vie qui, au gré d’incontrôlables contorsions, provoque

De douloureuses situations peut-être voulues par personne,

Mais, incrustées à l’embrasé de l’âme, subies par chacun

Tandis qu’un fantôme incendie les tisons qui enlaidissent l’avenir.

 

Prendra-t-on un jour conscience de la souffrance infligée à autrui?

 

P. MILIQUE

23/08/2013

LA BOÎTE A LETTRES: DIDEROT A MARIE-MADELEINE JODIN

 

LA BOÎTE A LETTRES

DIDEROT A MARIE-MADELEINE JODIN

(© Musée des Lettres et Manuscrits)

 

Lettre à Marie-Madeleine JODIN, Chez M. Jambellant, Marchand Sellier,  Rue Porte-Basse, à Bordeaux.

21 novembre 1768.

Je vais, mademoiselle, répondre à vos deux dernières lettres. Je suis charmé que vos dernières petites commissions aient été faites à votre gré. Je n’ai point traité votre oncle trop durement. Tout homme qui s’établira chez une femme, qui y boira, mangera, qui en sera bien accueilli, et qui, au moment où cette femme ne se trouvera plus en état de lui rendre les mêmes bons offices, la calomniera, la brouillera avec sa fille, et l’exposera à tomber dans l’indigence, est un indigne qui ne mérite aucun ménagement. Ajoutez à cela le mépris qu’il a dû m’inspirer par ses mensonges accumulés. Quand on est assez méchant pour faire une noirceur, il ne faut pas avoir la lâcheté de la nier. Votre mère ne voit point, n’a point vu la dame Traas; elle n’a reçu de compagnie que celle que votre oncle lui a donnée, et il est faux qu’elle soit raccommodée avec lui.

M. Roger, qui vous est attaché, qui vous sert, qui ne demande pas mieux que d’être utile à votre mère, également maltraité dans le libelle de votre oncle, n’a eu que le ressentiment qu’il devait avoir, et, à son âge, ressentir et se venger, c’est presque la même chose. Bref, mademoiselle, je ne saurais souffrir les gens à ton mielleux et à procédés perfides. Si vous eussiez donné un peu plus d’attention à la lettre qu’il vous a écrite, vous y eussiez reconnu le tour platement ironique, qui blesse plus encore que l’injure. On a fait toutes les démarches nécessaires pour préparer à sa fille un avenir moins malheureux; il s’y est opiniâtrement refusé. Il a mieux aimé la garder et la sacrifier à ses prétendus besoins domestiques. Vous voilà quitte de ce côté, envers vous-même et envers votre nièce. Vous avez un autre pauvre parent qui s’appelle Massô, qu’on dit honnête homme, et qui se recommande à votre commisération. Le secours le plus léger lui servirait infiniment. Voyez si vous voulez faire quelque chose pour lui; ce sera une bonne action une fois faite. J’ai fait passer à votre oncle la dernière lettre que vous lui avez écrite, mais il me reste entre les mains un gros paquet à son adresse, que j’ai retenu jusqu’à ce que vous fussiez  instruite de ses procédés, et que vous m’apprissiez l’usage que j’en devais faire. Vous ne m’avez rien répondu sur ce point, et le paquet tout cacheté est encore sur ma table, tout prêt ou à vous retourner ou à aller à votre oncle, comme vous le jugerez à propos. Ne m’oubliez jamais auprès de M. le comte. Le meilleur moyen que j’aie de reconnaître ses marques d’estime, c’est de vous prêcher son bonheur. Faites tout, mademoiselle, pour un galant homme qui fait tout pour vous.

Songez que vous êtes moins maîtresse de vous-même que jamais, et que la vivacité la plus légère et la moins déplacée serait ou prendrait le caractère de l’ingratitude. Il sent trop délicatement pour déparer ses bienfaits; vous avez de votre côté un tact trop fin pour ne pas sentir combien votre position actuelle exige de ménagement. Une femme commune se croirait affranchie, et vous serez cette femme-là si vous ne concevez pas que c’est de cet instant tout juste que commence votre esclavage.

Il peut y avoir des peines pour vous, il ne doit plus y en avoir pour lui. Il a acquis le droit de se plaindre, même sans en avoir de motif, vous avez perdu celui de lui répondre, même quand il a tort, parce qu’il vaut mieux souffrir que de soupçonner son coeur. Je n’oserais approuver vos tentatives au théâtre, je ne vois pas un grand avantage à réussir, et je vois un inconvénient bien réel à manquer de succès. Ce que vous perdrez dans l’esprit de M. le comte par le défaut de succès est bien au-dessus de ce que vous y gagnerez par des applaudissements. Mademoiselle, ne vous y trompez pas; malgré qu’il en ait, un refus du public ou du tripot fera effet sur lui. C’est ainsi que l’homme est bâti. Je ne suis point surpris de son ennui dans une ville où il y a si peu de convenances avec son cœur, son caractère et ses qualités personnelles. S’il m’offre l’occasion de lui être utile, vous ne doutez pas que je ne sois très-heureux de la saisir. Tout ce que vous prévoyez de son sort me paraît bien pensé, et je ne le lui dissimulerai pas. Au reste, je garderai le silence sur tout ceci avec madame votre mère.

02/03/2013

QUELQUES MOTS DANS UN SOUFFLE 5

A PERTE DE VUE.jpeg

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter)  le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...


QUELQUES MOTS DANS UN SOUFFLE

5


 

Je veux cessé d'être l'ange qui lit le carnet noir,

La présence spectrale toujours voilée de nuit.
Je veux ne plus jamais en de telles circonstances

Arborer toujours le sinistre visage de la mélancolie

Et ne plus savoir habiller mon âme insatisfaite

Que d'un costume bariolé aux couleurs de la vie.

 

Quelques mots dans un souffle...

Parce que dans ce désormais qui soudain titube

De nul d'autres qu'eux pourra naître la beauté.

 

Un jour, un autre plus tard, sur la route suivie à perte de vie,

Je chuterai à nouveau dans l'abîme d'un profond silence

Au gré d'un ultime rendez-vous pris avec moi-même,

Lorsque sera venue l'heure de faire les poches de ma mémoire,

Sachez qu'il me sera toujours précieux d'Ecrire Lucide

Et d'apprécier au plus intense l'exacte évidence

Du bonheur fascinant qui sans cesse m'étreint

Quand, au détour d'un souvenir, un Jour Moyen Éclot.


FIN

 

P. MILIQUE