Voix : madame, votre recours en grâce a été rejeté… vraiment désolée…
 Elle : Sortez !
 Voix : voulez-vous quelqu’un pour vous confesser ?
 Elle : Sortez ! Je vous dis… allez vous en tous…
 Voix : Vous allez devoir nos suivre
 Elle: Avant de monter sur le bûcher… puis-je avoir quelques secondes pour respirer… est-ce trop vous demander ?
 Voix : on ne peut pas vous laisser seule… la loi nous l’interdit…
 Elle : je voudrais m’adresser à Dieu… je le peux ?
 Voix : vous avez décliné l’offre de ses saints… Mais faîtes le en votre âme et conscience, si vous ne voulez pas qu’il y ait un témoin.
 Elle : il n’y a pas d’autre témoin que Dieu… et vous êtes son trouble-fête… est-ce que vous pouvez la fermer?
Elle : Dieu… est-ce que tu m’entends?
 Tu es le seul être… que je tutoie
 Je m’en vais… et ne suis même pas sûre de te retrouver
 J’aimais Don Juan… comme on n’a pas le droit d’aimer
 Mais j’ai cru bon de transgresser toutes les limites que tu as fixées au cœur d’un être humain
 Qu’elle était belle ma démesure… ma rupture avec le sens de la mesure
 Diable, tu m’as laissé aller au-delà de tout ce que je pouvais imaginer
 Certains crimes sont grandioses… on ne peut pas les remettre en cause
 Don Juan prétendait m’aimer comme jamais
 Mais c’est mon amour qui devait l’emporter
 Non, j n’en voulais pas à toutes ses conquêtes… je dirai même que je les enviais
 J’aimais ce qu’elles aimaient : un être insaisissable et toujours en fuite!
 Concurrence déloyale parce que j’étais la seule à ne pas me soucier de moi
 C’est lui… et lui seul qui m’a fait oublier… jusqu’à ton existence
 Puis-je vous confesser, Grand Dieu, que tout grand amour est forcément athée
 Et tout je t’aime un sacré blasphème…
 Et puis ce qui devait arriver, arriva… le bateau ivre chavira
 Toutes les maitresses abandonnées se sont retournées
 Dans leurs tombes existentielles
 Et ont cherché à porter atteinte à mon homme providentiel
 D’abord, une, puis deux… puis dix, un pêle-mêle d’ordures
 Je me suis emparée de mon glaive…
 Et j’ai tranché toutes celles qui l’ont dénigré
 En se prenant pour des vierges effarouchées…Pour… Jeanne d’Arc…
 Pour laver tous les affronts… je suis montée au front
 Seule et sans ton soutien
 Pour rendre justice et dénoncer le vice des vices : la malice
 Je vais monter sur le bucher… l’âme en paix
 Pour avoir accompli la tâche la plus ingrate qui soit et qui reste indigne de toi :
 Couper les têtes qui ne te reviennent pas….
 Je ne sais pas si tu le sais
 Mais Don Juan ne m’a jamais effleuré
 Mon amour est pur et sans bavures
 Une jointure entre le visible et l’invisible
 Je l’ai vengé et je le venge encore, ce séducteur impénitent
 En ne te demandant pas : Pardon…
 










 