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A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire. Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
SUR LES AILES DU RÊVE
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Alors, se fier aux apparences, naïveté ou stratégie?
Car cela flirte parfois avec la provocation!
On pourrait presque assimiler cela à une sorte de violence instinctive, un débordement physiologique dans une époque où il n'y a plus grand chose à transgresser.
Et puis, la question s'impose: les apparences sont-elles l'incarnation représentative d'une opposition radicale, ou d'une quelconque autre raison encore moins avouable?
Il faut aussi songer qu'elles sont peut-être à l'origine d'une perte de confiance discursive dans la fiction du réel.
Si encore il suffisait de se méfier d'elles pour n'être dupe de rien!
Nous savons que ça n'est que rarement le cas: il est si difficile, pour tout un chacun, d'admettre ce qu'on sait déjà!
Et c'est ainsi que, drapée de scepticismes divers, une ample déferlante de dérision pénètre en nous avec l'évidence insolente de la fatalité.
Fred, il a tout fait chez les gros bras : de la sécu pour les boys' bands au vigile de supermarché. Le videur vide son sac et c'est pas triste. Rocker et bolchevique, Thierry Pelletier a un cœur gros comme ça et la plume ad hoc pour raconter la zone, la France et les bons moments. Sa chronique inédite à retrouver tous les quinze jours.
Enregistrement : juin 13 Mise en ondes & mix : Samuel Hirsch Texte & voix : Thierry Pelletier
Hier encore, j'étais pour quelqu'un la bonne La bonne à tout faire Celle qui fait la bobonne Parce que l'amour l'a rendue conne
Aujourd'hui je ne sers plus personne Je suis devenue ma propre bonne Bonne à tout faire Bonne à ne rien faire Et je ne me sens pas pour autant moins conne. À croire que ce n'est pas le fait de servir quelqu'un ou de ne servir personne qui change la donne Non, je ne dis pas qu'il y a des connes en liberté Je dis qu'au sujet de la liberté Il n'est vraiment pas la peine d'en faire des tonnes Quand on est conne La liberté n'est pas bonne Même si on ne sert plus personne On sert plus que jamais quelqu'un Rien qu'en servant sa propre personne Et il n'est pas certain que le service soit bon, ni inspiré par le bien sous prétexte que c'est le mien Ce qui me fait dire que je suis peut être libre, mais libre pour rien Mon indépendance est une autre dépendance Mon autonomie une hétéronomie Et ma liberté une pure vacuité Se soumette à soi n'est pas gage d'ingéniosité, ni de sécurité, ni de liberté Parce que je peux me tromper en toute impunité Et même lorsque j'ai l'impression de me désobéir, Je ne fais qu'obéir à une instance en moi que je ne contrôle pas. Je suis peut être libre... Mais pas conne pour que je me pardonne d'être arbitrairement soumise à ma personne Fais-ci... je fais ci Fais ça... je fais ça Et un jour... je me lève ... je me soulève et je dis Basta!
La liberta c'est aussi con que la muerta Quand on y est on n'y est plus Tout compte fait Il ne faut jamais servir personne Et pour ne pas passer pour une conne Se faire passer pour personne Et cesser d'être quelqu'un Et c'est ce que je fais Quand je réalise mes billets J'atteste que nous avons tous besoin de quelqu'un pour attester qu'on n'a pas besoin d'attestation... qui atteste que le pire c'est de servir une cause puisque c'est pour votre liberté une double remise en cause : Car vous servez toujours quelqu'un en croyant que vous ne servez personne.
A l'attention des multiples lecteursqui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire. Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
SE RENCONTRER ENCORE
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Elle est restée muette. Et la crispation de sa mâchoire laissait à deviner que, derrière ses lunettes, son regard lançait des flèches lourdes d'hostilité à la vue de cet inconnu à qui elle n'avait rien demandé et qui avait cependant l'outrecuidance de franchir le périmètre de sécurité qu'elle avait escompté mettre entre elle et les humains. Tous les humains. «Vous pouvez me répondre vous savez! M'adresser la parole même. Parce que votre silence là, sûrement justifié, en tout cas pas normal, il ne vous protègera de rien. J'allais dire... bien au contraire! Pire même, il laisse à imaginer des choses épouvantables, des secrets inouïs. Allez, pour quelques minutes, rien que quelques brèves minutes, vous pouvez bien vous laisser aller à me considérer comme un allier, non? Ça ne vous engage tout de même pas à grand chose ça! En tous les cas, dans l'état où vous êtes, vous avez bien les moyens de ce risque-là! Pourquoi vous arroger l'exclusivité de votre malaise, de votre désarroi? Partagez bon sang! N'ayez pas cet orgueil fou de décourager les initiatives bienveillantes, je vous prie. Elles ne sont pas si nombreuses ne trouvez-vous pas?»
«Laissez-moi s'il vous plaît!»
Le son de sa voix au modulé atone m'était parvenu dans un murmure feutré aux frontières de l'audible.
"La presse : vous êtes candidate à la présidence de la France?
La candidate : la onzième candidate.
La presse : vous avez trois minutes et 14 secondes pour décliner votre projet!
La candidate : c’est très généreux de votre part!
La presse : première question avez-vous une solution pour résoudre le problème du chômage?
La candidate : pour le chômage et dans l’état actuel, il n’y a pas l’ombre d’une solution objective… et on vous ment si on prétend le contraire. Si l’on réduit le chômage ici c’est qu’on l’a déplacé ailleurs… si on le fait disparaître là, il réapparaîtra là-bas.
La presse : vous voulez dire qu’il est objectivement insoluble ?
La candidate: objectivement OUI. Maintenant et subjectivement, on peut toujours espérer une mutation profonde des mentalités pour apprendre à voir les choses autrement… en cessant par exemple de sacraliser le travail. Et en se disant qu’il n’y aura plus jamais de travail pour tout le monde!
La presse : mais rien n’est concevable sans le travail.
La candidate : il y a l’activité. Pour chacun il s’agit de faire quelque chose. Deux sortes d’activités: une activité transcendante que les grecs appelaient “Poesis” et qui consiste à produire une œuvre extérieure à soi. Les réponses que j’ai sous les yeux par exemple! Et la Praxis, une activité immanente qui consiste à produire une œuvre intérieure à soi comme danser, chanter ou s’engager…comme je le fais! Bougez et éliminez toutes sortes de préjugés, vous finirez par vous y retrouver… entier… et pas demi-écrémé!
La presse : et notre pouvoir d’achat ?
La candidate : à l’heure de la crise, c’est le rachat qui pose le plus de problèmes. Pour les riches, comme pour les pauvres, le rachat est hors de prix! Autrement dit, nous sommes tous responsables et coupables… les uns pour avoir laissé les autres prospérer à leurs dépens et les autres pour avoir laissé les uns désespérer plus que de raison!
La presse : vous éludez encore une fois la question du pouvoir d’achat ?
La candidate : parce qu’elle est mal fichue. Dites moi en quoi c’est un pouvoir et je vous dirai ce que ça peut vous procurer. Le pouvoir d’achat est un présupposé consumériste qui assimile l’être et l’avoir et nos têtes de mules au cumul et à ceux qui accumulent. Quand l’offre est excessivement artificielle, la demande n’est plus du tout naturelle. Parlez-moi plutôt de désirs naturels et nécessaires. Tout le reste est déficitaire!
La presse : Comment allez-vous stimuler la croissance ?
La candidate : vous me rappelez les souris de Pavlov et la psychologie des alcôves. Tant que notre stimulus est exclusivement d’ordre financier, nous réagirons toujours mal et notre croissance dépendra du marché planétaire. Il va falloir revoir nos paramètres et considérer que seul l’homme peut être la mesure de toutes choses et non l’inverse.
La presse : vous voulez vous aussi moraliser le capitalisme ?
La candidate : non, je n’ai jamais rêvé d’un cercle carré ! Je veux dire que si ça ne tourne pas rond pour tout le monde, ça ne tournera rond pour personne. Le capitalisme est indépassable… parce qu’au cœur de l’homme l’avidité n’est pas effaçable!
La presse : c’est plutôt tragique, ce degré zéro de l’espérance ?
La candidate : détrompez-vous, ce degré zéro de l’espérance est juste ce qu’il nous faut pour exceller en matière politique…. ou programmatique. Seule la désespérance peut aujourd’hui rassembler toutes les sensibilités…
La presse : c’est la fameuse égalité des chances ?
La candidate : ne m’en parlez pas. La nature est élitiste. La culture est élitiste. La raison est élitiste. Le cœur est élitiste. Et le hasard ne fait pas bien les choses. Comme si certains étaient nés pour le bonheur et que d’autres en étaient exclus… le plus grand nombre oscille entre ces deux extrêmes parce que le peuple a toujours eu le cul entre deux chaises!
La presse : que faire ?
La candidate : changer de destin… c’est le point de départ de mon combat: penser, agir et sentir à contre-courant.
La presse : c’est à dire ?
La candidate : ne jamais se détourner de son intérêt pour l’universel… Car il ne nous suffit pas d’empêcher notre voisin de courber l’échine, si on ne se soucie pas des conditions de travail d’un chinois en Chine! Il en va de notre liberté…
La presse : qu’est-ce que la liberté ?
La candidate : tout ce qu’on arrache aux mains de la nécessité.
La presse : savez-vous pourquoi je ne voterai pas pour vous ?"
La presse : vous êtes candidate à la présidence de la France?
La candidate : la onzième candidate.
La presse : vous avez trois minutes et 14 secondes pour décliner votre projet!
La candidate : c’est très généreux de votre part!
La presse : première question avez-vous une solution pour résoudre le problème du chômage?
La candidate : pour le chômage et dans l’état actuel, il n’y a pas l’ombre d’une solution objective… et on vous ment si on prétend le contraire. Si l’on réduit le chômage ici c’est qu’on l’a déplacé ailleurs… si on le fait disparaître là, il réapparaîtra là-bas.
La presse : vous voulez dire qu’il est objectivement insoluble ?
La candidate: objectivement OUI. Maintenant et subjectivement, on peut toujours espérer une mutation profonde des mentalités pour apprendre à voir les choses autrement… en cessant par exemple de sacraliser le travail. Et en se disant qu’il n’y aura plus jamais de travail pour tout le monde!
La presse : mais rien n’est concevable sans le travail.
La candidate : il y a l’activité. Pour chacun il s’agit de faire quelque chose. Deux sortes d’activités: une activité transcendante que les grecs appelaient “Poesis” et qui consiste à produire une œuvre extérieure à soi. Les réponses que j’ai sous les yeux par exemple! Et la Praxis, une activité immanente qui consiste à produire une œuvre intérieure à soi comme danser, chanter ou s’engager…comme je le fais! Bougez et éliminez toutes sortes de préjugés, vous finirez par vous y retrouver… entier… et pas demi-écrémé!
La presse : et notre pouvoir d’achat ?
La candidate : à l’heure de la crise, c’est le rachat qui pose le plus de problèmes. Pour les riches, comme pour les pauvres, le rachat est hors de prix! Autrement dit, nous sommes tous responsables et coupables… les uns pour avoir laissé les autres prospérer à leurs dépens et les autres pour avoir laissé les uns désespérer plus que de raison!
La presse : vous éludez encore une fois la question du pouvoir d’achat ?
La candidate : parce qu’elle est mal fichue. Dites moi en quoi c’est un pouvoir et je vous dirai ce que ça peut vous procurer. Le pouvoir d’achat est un présupposé consumériste qui assimile l’être et l’avoir et nos têtes de mules au cumul et à ceux qui accumulent. Quand l’offre est excessivement artificielle, la demande n’est plus du tout naturelle. Parlez-moi plutôt de désirs naturels et nécessaires. Tout le reste est déficitaire!
La presse : Comment allez-vous stimuler la croissance ?
La candidate : vous me rappelez les souris de Pavlov et la psychologie des alcôves. Tant que notre stimulus est exclusivement d’ordre financier, nous réagirons toujours mal et notre croissance dépendra du marché planétaire. Il va falloir revoir nos paramètres et considérer que seul l’homme peut être la mesure de toutes choses et non l’inverse.
La presse : vous voulez vous aussi moraliser le capitalisme ?
La candidate : non, je n’ai jamais rêvé d’un cercle carré ! Je veux dire que si ça ne tourne pas rond pour tout le monde, ça ne tournera rond pour personne. Le capitalisme est indépassable… parce qu’au cœur de l’homme l’avidité n’est pas effaçable!
La presse : c’est plutôt tragique, ce degré zéro de l’espérance ?
La candidate : détrompez-vous, ce degré zéro de l’espérance est juste ce qu’il nous faut pour exceller en matière politique…. ou programmatique. Seule la désespérance peut aujourd’hui rassembler toutes les sensibilités…
La presse : c’est la fameuse égalité des chances ?
La candidate : ne m’en parlez pas. La nature est élitiste. La culture est élitiste. La raison est élitiste. Le cœur est élitiste. Et le hasard ne fait pas bien les choses. Comme si certains étaient nés pour le bonheur et que d’autres en étaient exclus… le plus grand nombre oscille entre ces deux extrêmes parce que le peuple a toujours eu le cul entre deux chaises!
La presse : que faire ?
La candidate : changer de destin… c’est le point de départ de mon combat: penser, agir et sentir à contre-courant.
La presse : c’est à dire ?
La candidate : ne jamais se détourner de son intérêt pour l’universel… Car il ne nous suffit pas d’empêcher notre voisin de courber l’échine, si on ne se soucie pas des conditions de travail d’un chinois en Chine! Il en va de notre liberté…
La presse : qu’est-ce que la liberté ?
La candidate : tout ce qu’on arrache aux mains de la nécessité.
La presse : savez-vous pourquoi je ne voterai pas pour vous ?"