Je joue. Je ne fais que jouer
Je joue tous les personnages, excepté le mien
Je joue tous les rôles, jamais celui qu’on m’ordonne
Je joue tous les jeux, mais pas le jeu du monde
Je joue à ne pas être celle que je suis
Je joue à paraître celle que je ne suis pas
J’excelle dans le paraître
Dans le ne pas être.
Paraître ou ne pas paraître ?
C’est la seule question qui remette en question
Parce qu’il y a du jeu dans l’être
Où rien ne coïncide avec rien
Des atomes raccrochés à du vide
Je joue sans enjeu
Je joue pour jouer
Parce que l’être est sans intérêt
Et sans raison avérée
La vérité est un mensonge tenu pour vrai
Et la réalité, une illusion qui a triomphé
Je joue mon va tout
Je joue pour aller au bout
Pour me sentir dans le coup
Je joue à aimer… je joue les jeux de l’amour
Je joue la nuit… je joue le jour…
Je joue avec le hasard
Je joue à me surprendre…
Je joue à me déprendre
Je vise le noir… je révise le rouge
J’attise la réaction… je mise sur la Révolution
J’ai une sainte horreur du sérieux
C’est pour cette raison que je crois en Dieu
Pari toujours gagnant, jamais gagné
Comme la vie…
Comme l’envie.
Voulez-vous jouer avec moi?
Alors faîtes semblant de croire que nous sommes tous d’accord
Pour sacrifier CE à QUOI chacun tient le plus:
L’amant, son aimé… le patriote, sa patrie… le fou, sa folie…
Et sanctifier ainsi une joie exempte de toute tristesse
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