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08/02/2018

SUR LA POINTE DE L'ÂME 13

 

au magma présent de l'écriture,

 

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

SUR LA POINTE DE L'ÂME

13

 

Engagé volontaire en solitude, le temps soudain se dématérialise à courir les heures avec frénésie, sans jamais s'arrêter.
Frémissantes, ses ailes s'épuisent à ne jamais atteindre la lumière.
Piégé au principal de la solitude, le corps, périssable, se sent bien seul.
Observons-le, il n'est plus qu'une masse molle, immobile et liquide presque, prête à s'immiscer dans l'insignifiance.
Étendu sur le carrelage rugueux et froid, et pâlement éclairé par les rachitiques halos jaunes d'improbables lampadaires, il n'est plus qu'une transparence diaphane transférée dans une vaste insularité douloureuse.
De fait, cela pourrait s'apparenter à la mort.
Il n'en est rien bien sur.
Un penseur compétent n'a-t-il pas suggéré en son temps que «L'utopie, c'est la mort telle qu'on voudrait la vivre»?

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

10/03/2017

ÉCLAT DE VIE AVORTÉE

au magma présent de l'écriture,

 

ÉCLAT DE VIE AVORTÉE



Il existe des textes qui font se dresser les poils du cœur
De leurs mots écorchés qui touchent leur cible et font mal.

La douleur est palpable, lourde du trop d'amour,
Qui saigne d'une âme se mourant de trop aimer.

J'en connais une, née d'un asphyxiant souvenir,
Que je m'efforce de ne surtout pas me rappeler,
Une qui devrait s'anéantir en point noir d'oubli,
Une sorte de fantôme d'instants de bonheur vif
Que je considérais déjà comme morts de froid
Dans l'absence diaphane de nos regards respectifs.

Et puis, mû par la sérénité de paroles utiles,
Le fantôme hésitant s'est risqué à récidiver,
Rescapé incertain d'un éclat de vie avortée,
Fragment d'existence pour toujours inachevé.


P. MILIQUE

23/11/2016

GÂTEAU DE SOLEIL

au magma présent de l'écriture,

 

GÂTEAU DE SOLEIL



Ce sont d'inépuisables évidences
Qu'il n'est pas utile de formuler.
C'est ainsi que les mot perdurent,
Opiniâtres, allant jusqu'à s'anéantir
Dans l'abîme lancinant des non-dits.

L'état d'évanescence en cours chez certains êtres,
Faite d'émouvante naïveté et de candeur ravageuse,
Provoque certaines turbulences d'une force inouïe,
Jusqu'à leur infliger des stigmates d'une puissance
Authentique, aussi étrange qu'intime et inattendue.


Il est alors une observation qui s'impose à l'immédiat:
Quand l'essentiel vient à manquer, il devint écrasant
Et infiniment douloureux de désapprendre le présent!

En dépit de l'éblouissement absolu induit par les souvenirs,
Il faut mettre beaucoup de détermination à se rappeler
Ces temps tenus au-delà du comblé, d'une justesse méritée,
Tels une existence circulaire et pleine, à la puissance ailée,
Une sorte de gâteau de soleil à l'enluminure somptueuse.

A partir de là, chaque infime de l'instant se fera enchanteur.
Forcément enchanteur!


P. MILIQUE

12/03/2016

IDÉAL GAUCHISTE

au magma présent de l'écriture,

 

IDÉAL GAUCHISTE



Il semblait avoir mis beaucoup d'espoirs, espoirs sensés s'il en est, dans une nouvelle équipe dirigeante, soit-disant de gauche et représentante d'un groupe historiquement attaché à mettre la culture au service du peuple.
Il n'en est apparemment rien et c'est bien déplorable.
Pire même, détestable, dans la mesure où l'on pourrait se surprendre à les détester eux aussi.

Mais aussi, faisons-nous bien de les croire plus purs, moins nauséabonds que les autres sous l'anodin prétexte que par simple respect pour leur atavisme personnel, ils ne devraient pas l'être?
A défaut de simplement l'admettre, le quotidien de leurs comportements se charge de nous le rappeler chaque fois un peu plus.

C'est un fait: il y a les idées de Gauche et celles de Droite. Elles sont et doivent, c'est bien le moindre, demeurer exactement dissemblables.
Je réfute absolument le droit à une idée de Gauche d'enfiler le costume d'une idée de Droite sous quelque prétexte plus ou moins fallacieux que ce soit.
Pour la rendre plus accessible ou moins spontanément agaçante envers la couleur politique locale du moment?
Quand tu te sais propre, quel intérêt y aurait-il à enfiler un habit souillé?

L'idéal de Gauche garde sa pureté originelle tant qu'il ne parle que d’humanité!
En revanche, il la perd dès qu'il parle de politique.
La politique politicienne véhicule des raisons glauques.
Elles ne sont pas les nôtres. Elles ne le seront jamais.
Jamais!


P. MILIQUE

22/01/2016

TAPIS ROULANT 4

au magma présent de l'écriture,

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

TAPIS ROULANT

4

 

C'est vrai, nous avions un grand plaisir à nous rappeler notre période universitaire commune.
Lorsque j'évoquai notre soutien au candidat Coluche à la Présidence de la République de 1981, il éclata d'un rire haletant.
Il semblait d'ailleurs s'essouffler, tandis que moi-même me détendais, en faisant toutefois attention à ne pas lui envoyer ma fumée de cigarette au visage.

Au bout de dix minutes, toute sa file à lui était occupée par des gens qui marchaient contre le sens du tapis.

Jean-Christophe, qui avait maintenant les yeux rougis de fatigue me dit, le souffle court, qu'il espérait que le tapis cesse de fonctionner, ou que quelqu'un de bien intentionné appuierait sur le bouton d'arrêt car, c'était entendu, cela nous empêchait de discuter tranquillement.

(A SUIVRE...)

 

P. MILIQUE

01/06/2015

AU JOUR NAISSANT 2

au magma présent de l'écriture,

 

A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...

 

AU JOUR NAISSANT

2

Elle lui a rappelé qu'ils étaient convenus d'un rendez-vous:
Il soit recevoir ses mots. Des mots d'amour il n'en doute pas.
Des mots murés en elle qui ont su forcer quelques barrages
Pour ébaucher la pure évidence de l'offrande faite à l'autre.
Si elle imaginait combien il les attends ces mot-cadeaux!
Combien ils vont l'illuminer de son fol attachement à elle.

Des mots dépositaires d’essentielle force vitale
Des mots marbrés de reflets rares et différents
Des mots apaisants barrés de sourires attendris
Des mots depuis toujours consentant à l'amour.

Et déjà, tous ces mots-trésor qui ne sont pas les siens
Forment une farandole d'émerveillements souverains.

(FIN)



P. MILIQUE

22/02/2014

CIORAN 39

CIORAN.jpg

 

"Il faudra bien

Se convaincre un jour

Que les vérités de la philosophie

Sont inutiles

Ou qu'elle n'en a pas."


 "Il faudrait brûler

Tous les livres de chevet."

(E.M. CIORAN)

10/11/2013

LE JOURNAL DE PERSONNE: "L'HOMME ÉLECTRONIQUE"

 

LE JOURNAL DE PERSONNE

"L'HOMME ÉLECTRONIQUE"

 

Il était une fois… et peut-être pas qu’une fois… un homme
Auquel on a ôté les racines et les ailes
Plus d’identité. Ni d’excès de zèle.
Plus de confusion entre droit du sol et droit du sang
Rien qu’un corps pour servir de décor… et réconcilier la vie, la mort.
Et nous rappeler que tout maître est serviteur d’abord
Que même le plus brave est un peu esclave sur les bords
Car m’indiqua le chirurgien : se soumettre est un art… plastique avant d’être dramatique.
Dire toujours : Oui, pardon, merci, y a pas mieux pour venir à bout de l’envie ou de l’ennui.

L’homme que j’ai sous les yeux… obéit… et ne fait rien d’autre qu’obéir
On l’a opéré en agissant sur son cortex cérébral
Pour qu’il cesse d’être volant, sautant, rampant comme animal
Et qu’il devienne chose idéale… un animal idéal.
Un dessein… avec un i , animé.
Vous avez dû en entendre parler sur Radio J
Dans l’émission : sciences et vies… avec deux S…
Je veux parler de l’ablation du Moi… oui la circoncision de l’âme
Plus de moi-je en jeu… dehors lego ! L’orgueil au frigo!
Ne survit qu’une pulsion de vie au service d’autrui
Je… je suis… je suis autrui.
J’ordonne et il obéit…

Une fleur, s’il vous plaît
Et il me fait la fleur de m’offrir une fleur
Pour moi la fleur, pour lui le plaisir de me l’offrir… artificielle… comme le ciel !
Deux fleurs, s’il vous plaît
Et d’un simple geste, il réalise mes deux vœux… deux en un
Ça percute… ça répercute… et puis ça exécute
Pas besoin de lutte, la servitude, là est A.U.T.O.M.A.T.I.Q.U.E.
C’est magique, ce pouvoir discrétionnaire.

Après la cigarette électronique, voici venu le temps de l’homme électronique
Ecce homo… mirage pour tous et mariage pour personne.
Ni affreux, ni sale, ni méchant… notre homme est juste « vertueux », privé de vice, autrement dit : castré.
C’est un modèle prisé par les intégristes politiques ou religieux cette façon d’utiliser la science pour subtiliser notre conscience… et nous imposer un sens…
C’est glorieux … et juteux par dessus le marché… songez à la main d’œuvre bon marché. Léonarda ! Léonardo! Les idoles des ados…
Je le lis dans vos yeux, vous aimeriez bien copier-coller le modèle et l’emporter.
Je vous comprends… surtout ceux dont le moi n’est pas maître chez soi.
Pour les sceptiques, tôt ou tard, vous en conviendrez qu’obéir est l’avenir de l’homme
Obéir au doigt et à l’œil… au lieu de se mettre le doigt dans l’œil.

Trois fleurs s’il vous plaît !
Et en deux temps, trois mouvements: je reçois trois missives à domicile.
Mais comme je ne me suis pas levée du bon pied, je peste et proteste :
Je vous ai demandé des fleurs pas des roses, Ducon!
Et tout à coup une étrange envie me prend à la gorge
L’envie de le buter
Mais ce n’est pas lui que tu as buté ?
Bien sûr que non, j’ai buté seulement celui qui m’a envié.

30/08/2013

LA BOÎTE A LETTRES: GUY DE MAUPASSANT A ROBERT PINCHON

 

LA BOÎTE A LETTRES

GUY DE MAUPASSANT A ROBERT PINCHON

BIBLIOTHÉCAIRE, JOURNALISTE, CRITIQUE DRAMATIQUE,

ET

AMI INTIME DE MAUPASSANT.

29/08/2013

LA BOÎTE A LETTRES: JEAN-MARIE SOTIN DE LA CONDIERE AUX CITOYENS DE LA LOIRE INTERIEURE

 

LA BOÎTE A LETTRES

JEAN-MARIE SOTIN DE LA CONDIERE

AUX

CITOYENS DE LA LOIRE INTÉRIEURE

28/08/2013

LA BOÎTE A LETTRES: STENDHAL A MADEMOISELLE SOPHIE D'UVAUCEL

 

LA BOÎTE A LETTRES

  STENDHAL A MADEMOISELLE SOPHIE D'UVAUCEL

(© Musée des Lettres et Manuscrits)

 

Mademoiselle Sophie d'Uvaucel, chez

M. le Baron Cuvier, an Jardin du Roy, à Paris.

     Rome, 28 Avril [1831].

 

     Mademoiselle,

 

Votre lettre me fait le plus grand plaisir. Je reviens de Saint-Pierre où il y avait une fête. Ma paresse me l'a fait manquer. J'ai trouvé le pavé de marbre de l'église jonché de fleurs et de feuilles de laurier. Ces feuilles un peu meurtries répandaient l'odeur la plus suave, point trop forte, ce qui convient à mes nerfs de jolie femme. Mon âme était bien disposée. Votre lettre a paru comme un jour doux destiné à frapper des yeux délicats. Dans mes jours de patriotisme ardent, elle m'eût indigné. Je méprise sincèrement, et sans haine, la plupart des gens que vous estimez. Pour se mêler d'affaires publiques, il faut de l'expérience. Peut-être M. Dejean, ou tout autre jeune homme nommé préfet par M. Guizot, sera-t-il un homme habile en 1840. Mais rappelez-vous que l'œil du public voit nettement et clairement au bout de six mois ce qui se passe dans le cœur de tout homme qui reçoit plus de 20.000 francs du budget et le rôle de Pénélope est dangereux. Mais parlons de fadaises. Vous avez vu quelques très jeunes gens faire de grandes fortunes. Soyez convaincue que quelles que soient les phrases et les apparences, pendant deux ou trois mois de leur vie, ils ont été comme Julien. De 1806 à 1813, j'ai été à peu près aide de camp de M. le comte Daru. Il était très puissant à Berlin en 1806, 7, 8, à Vienne en 1809. J'étais dans une sorte de faveur à Saint-Cloud en 1811. Je vous assure que personne n'a fait une grande fortune sans être Julien. La forme de notre civilisation exclut les grands mouvements, tout ce qui ressemble à la passion.

 De là, le rôle pitoyable des femmes. La société actuelle ne les emploie que comme intrigantes. Voyez MMmes Récamier, Pastoret, Rumfort. Il faut pour avancer être doux, humble, faire vingt visites en bas de soie par semaine. Un jour que le protecteur s'ennuiera, un jour de pluie à Saint-Cloud, au mois d'octobre, un trait de bassesse bien placé vous vaudra une préfecture. Je méprise les charges. Julien n'est pas si futé qu'il vous le paraît.

 Le jeune homme de dix-huit ans est niais à Paris. Il songe toujours au modèle à imiter. Et quelques-fois il y a quatre règles contradictoires sur la façon dont il faut tirer son mouchoir de sa poche chez une duchesse. Cette perplexité au moment où il s'agit de choisir entre des règles contradictoires, aidée par les trois changements de tenue par 24 heures, qui ont lieu à Paris est cause de la niaiserie. Nos jeunes paysans du Dauphiné savent très bien suivre leur intérêt. J'aime à discuter sur le cœur humain, chose difficile avec les Françaises, qui presque toujours mentent pour se conformer à la règle 1451 qui régit leur conduite ou à la règle 8.600. Votre lettre est infiniment plus sincère qu'aucune que vous m'ayez écrite. Elle ne blâme pas assez le roman en question. Vous avez adouci. Il fallait m'écrire le premier jour. II y avait à Venise un homme qui, pour aimer sa femme, avait besoin qu'elle lui donnât des soumets. Je suis cet homme. Rien ne m'ennuie comme le compliment. Si j'en avais 10.000 comme cela, pense-je, on me ferait baron et académicien. Mais que faire d'un fagot ou deux? Cela ne suffit pas pour chauffer le four. Soyez donc, je vous en supplie, Mademoiselle, ultra-sincère avec moi plus le soufflet sera fort, plus je sentirai la vie.

Mme Az[ur] me croit l'original de Julien parce que pour être nommé Inspecteur du Mobilier, le général Duroc qui m'aimait (par parenthèse à cause de ma sincérité) voyant fils de noble chevalier Beyle dans mon extrait de baptême, me donna le De Beyle dans le projet de décret qui fut signé le 11 août 1810. Alors commença pour moi l'époque du plus grand bonheur. Pour en revenir, la lettre de Mme Az[ur] qui m'accable des plus grands mépris, a fait toute ma joie pendant un voyage que j'ai fait à Capo d'Istria et j'y songe encore après un mois. Si j'avais voulu faire le Julien dans le salon de M. Aubernon, chez M. Pastoret que je ne suis jamais allé voir au Luxembourg,' chez M. de Lafayette, etc., etc., je serais tout au moins préfet de Guéret. Mais je serais destitué, car certainement j'aurais administré comme M. Pons de l'Hérault, préfet du Jura. Gardez cette ligne pour vous. Elle me porterait dommage dans ma retraite. De 15.000 je suis tombé à 10.000.

Si je tombais plus bas, il n'y aurait pas moyen de vivre avec la dignité nécessaire. Ici, je veux dire au midi des Apennins, le public n'est dupe d'aucune affectation. Vous avez beau vous étaler avec une noble négligence sur quatre chaises à la promenade, la canaille ne vous estime qu'au prorata de la dépense que vous faites. Nous avons pour ennemis les libéraux depuis Bologne1, les ultras depuis 1789. Le rôle d'un agent français est difficile, très difficile. Il faudrait en avoir moins et les mieux payer. Autrement je me renfermerai dans une nullité complète comme mon prédécesseur, qui s'est mis cependant à danser dans l'unique café de ma ville en apprenant la nouvelle des ordonnances du 25 juillet 2. J'ai passé cinq jours à Florence sans trouver le temps de monter à la Galerie ou d'aller au Palais Pitti. J'ai cherché la vérité, j'ai écrit quatre dépêches à mon ministre. Celle qui décrit ce qui a failli se passer à Florence vous amuserait.

Comme vous êtres Française, il faut ici placer une petite batterie contre le ridicule, donc. vous amuserait, non certes à cause du talent du narrateur, mais par le caractère plaisant des acteurs. Ma dépêche étant sincère aura déplu. Je me le disais en l'écrivant.

Mais par le plus grand des hasards, il peut se trouver un homme de mérite, un Mérimée, dans les bureaux, et je serais bien aise qu'il se dise « Celui-là n'est pas si niais que les autres. » A seize ans, mon père m'a donné 150 fr. par mois pour venir me faire recevoir à l'École Polytechnique. Or cela se passait en 1799. Les nigauds à demi-hypocrites que vous estimez vous mènent tout droit à la Grande Colère du Père Duchêne. Le tigre se réveillera pour repousser l'étranger qui nous méprise et nous donnera tant de soufflets qu'il faudra finir par où il fallait commencer. L'opération n'eût pas duré plus de six mois. Dans l'état actuel du malade, elle durera trois ans. Je vous offre refuge dans une forêt à trois lieues de mon endroit. Ceci est sérieux. Faute de bonne foi, vous êtes flambés. Comprenez-vous l'admirable finesse de mon langage ? Rien de mieux établi que notre correspondance. Rien ne se perd. Daignez donc m'écrire plus souvent. Mes respects à M. et à Mme C[uvier] et à Mme Martial. Dites à tous les niais que je suis devenu très grave, très profond, très digne du docto corpore où je suis. Au fond quelques phrases plus ou moins piquantes me coûtent 5.000 fr. C'était tout le superflu, chose si nécessaire. Ce malheur doit m'ôter la colère et l'envie des sots. Au reste j'ai pitié d'eux ils vont avoir une belle venette d'ici à quelques mois. Voulez-vous le remède ?

 

Recipe: Sincérité et bonne foi.

13/07/2013

MANICHÉISME SIMPLIFICATEUR

REVOLTE.jpg

 

MANICHÉISME  SIMPLIFICATEUR

 

C'est un parcours jalonné d'une multitude de désordres

Rappelant sans détours le destin qui accable chaque homme.

 

Ce serait toutefois commettre une grossière erreur

Que de considérer le tintamarre outrancier de certains bonimenteurs

Tournant cyniquement en dérision le désarroi des derniers utopistes.

 

Ce sont de ces voix qui laissent accroire qu'elles font autorité

Dans l'exposition rémanente de tristesses et de résurrections,

Tout comme dans la mise en évidence et l'ostentation visible

D'un monde édulcoré d'où peu à peu l'homme s'exclut.

 

La responsabilité du choix est importante qui met en relief

Le manichéisme simplificateur vite désigné coupable

De masquer une réalité que l'on sait de plus en plus terne

Afin de réveiller chez quelques-uns, le goût impérieux de la révolte.

 

P.  MILIQUE