NARCISSE
Observer, même sommairement, la fragilité de nos discours,
Revient à exacerber la désagréable
Confusion qu'inspire sans discontinuer
La somme inépuisable de nos propos contradictoires.
En effet, ce ne sont très souvent
Qu'un mélange incohérent d'idées confuses.
Ramassis caricatural de différentes synthèses
A l'action dissolvante qui utilise un substitut de réalité
Pour aider à la déformation de l'universel.
Sans oublier quelques tentatives paradoxales
Pour énoncer avec une maladresse confondante
Un certain nombre de vérités absolues, éternelles,
Et en même temps terriblement superficielles.
On a beau savoir qu'il s'agit le plus souvent
D'arguties factices à la signification supposée secrète,
Il n'empêche que cela frôle parfois le délire!
Et puis, il y a au cœur de ces monologues surréalistes,
Un décalage permanent entre l'étroitesse de vue
Accompagnée de son alter égo de toujours le sectarisme,
Et la chaleur conviviale des comportements traditionnels.
Tout cela n'en doutons pas, fabrique de la discordance
Et implique l'indispensable renaissance de l'espoir.
D'ailleurs, tout ces lignes sont-elles autre chose
Qu'un bien dérisoire exercice d'auto-justification?
Jamais aucune situation n'est vraiment irréversible!
Nous en avons pour preuve que toutes ces pensées,
Parfaitement lisses et insipides, ne le sont
Que parce qu'elles sont définitivement
Aussi mal entendues qu'écoutées.
N'est-il pas lumineux alors, narcisse
Dans son bel habit de lumière?
P. MILIQUE