10/08/2013
L’ATTENTE DU MOT
L’ATTENTE DU MOT
Je sais avoir plein de mots blottis au fond du cœur,
Mais je sais aussi que personne, jamais,
Ne se perdra à venir les chercher là où ils sont
Mais je ne peux imaginer les garder pour moi.
Je redoute trop le redoutable asphyxie,
Là est peut-être mon orgueilleuse singularité,
Mon anormalité, ma piteuse obscénité.
Comme je me révèle incapable
De m’exprimer verbalement,
J’utilise le vecteur qui m’est le plus accessible :
L’écriture. Une qui se cherche en mots hésitants.
Et si ça débouche souvent sur un monologue pathétique
-- Au moins ne me répond-on pas –
J’accoste parfois au plaisir rare d’un dialogue privilégié.
Grâce à cela, s’installe avec une joie jubilatoire
La possibilité d’atteindre à un riche échange.
Se dessine alors un espace d’émotions à travers les lignes,
Et s’installe peu à peu une relation essentielle
Guidée par l'inique mémoire du mot écrit.
L’éternité au secours de l’éphémère en quelque sorte !
Mais le plus somptueux de tout cela
Reste tout de même la souriante perspective
De lire les mots des autres.
C’est ça ! Je suis avant tout lecteur des autres.
Je suis très gourmet de leurs mots.
Et cette savoureuse attention me nourrit.
N’hésitez donc plus, jamais,
A m’offrir la vitale becquée !
P. MILIQUE
09:27 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, attentif, motiver, blottir, au fond du coeur, personnalité, se perdre, à venir, chercher, indigner, imaginer, garder pour soi, redouter, redoutable, asphyxie, orgueilleux, singularité, anormalité, pitrerie, obscénité, se révéler, incapacité, exprimer, verbalement, utiliser, vacteur, accessible, écriture, hésitant, déboucher, monologue, pathétique, accoster, plaisir, rareté, dialogue, privilégier, installer, joie, jubilation, possibilité, atteindre, richement doté, échangisme
01/08/2013
LA BOÎTE A LETTRES: FERNAND LEGER A ADOLPHE BASLER
LA BOÎTE A LETTRES
FERNAND LEGER A ADOLPHE BASLER
Mon cher Basler
Merci pour votre aimable lettre, malheureusement je ne suis nullement en place pour répondre ni pour penser "art". Je suis sous le canon et ne vous étonnez pas d’une lettre correcte et avec plumes et encre dans cette position. On est arrivé à installer un confortable très relatif même à 50 mètres des Boches. Je suis sous une jolie tonnelle en pleine forêt d'Argonne et je vous écris ces mots pendant que les obus me passent au-dessus de la tête. Je suis tranquille les artilleurs m'ont appris que j'étais dans une "position d'angle" c'est-à-dire inviolable pour les obus boches. J'ai confiance en ces gens-là ils connaissent bien leur métier. Vous devez bien comprendre qu’après dix mois de ce truc, on en est arrivé à une habitude. Le flottement c’est fini. C’est une guerre sans « déchet », une guerre moderne. Tout vaut. Tout s’organise pour un maximum de rendement.
Cette guerre-là, c'est l'orchestration parfaite de tous les moyens de tuer, anciens et modernes. C'est intelligent jusqu'au bout des ongles. C'en est même emmerdant, il n'y a plus d'imprévu. Nous sommes dirigés d'un côté comme de l'autre par des gens de beaucoup de talent. C'est linéaire et sec comme un problème de géométrie. Tant d'obus en tant de temps sur une telle surface, tant d'hommes par mètre et à l'heure fixe en ordre. Tout cela se déclenche mécaniquement. J'ai cru assez longtemps à une rupture énorme entre la vie de paix et celle de guerre. Pas du tout. Une guerre comme celle-ci n'est possible que par les gens qui la font. C’est aussi vache que la lutte économique. Les temps de paix à cette seule différence qu’on tue du monde. Ca ne suffit pas pour renverser les facteurs. C’est la même chose. Ces gens là qui la font, nous autres nous sommes dressés à cette momerie-là.
Du moment que le côté matériel est réalisé, à peu près. Du moment que le côté boulotage etc ne nous manque pas il reste la résistance morale. Tout tient dans cette valeur-là. C'est terrible une attaque, quand des bonhommes qui pendant des heures ont subi une préparation d'artillerie infernale aplatis dans des trous, réduits à l'état de pauvres petites choses, quand on donne l'ordre à ces hommes-là de sortir de leur abris, de franchir un parapet et d'aller sur des mitrailleuses avec leur baïonnette, il n'y a que des hommes modernes pour pouvoir encore un pareil effort. Une armée de métier ne tiendrait pas, mais un peuple qui a vécu la vie tendue et dure de ces 50 dernières années, peut le fournir. Une discipline aussi tendue soit-elle n'arriverait pas à ce résultat-là. On était prêt d'un côté comme de l'autre à cette situation. C'est pour cela que c'est long et que ce n'est pas encore fini. Aucun sentimentalisme dans tout cela. Ça c'est très bien. Il n'y a qu'à l'arrière où on est assez mou pour pleurnicher sur des histoires de cathédrale de Reims bombardée ou de femmes enfilées par les Boches. Ici ça ne mord pas du tout. Et monsieur Barrès n'a aucun succès. On n'a pas idée de demander à des gens qui s'octroient le droit de tuer de respecter des monuments plus moins historiques ou des femmes qui souvent n'ont sans doute pas demandé mieux. En septembre on faisait une guerre de primaire ridicule, mais maintenant c'est autre chose on les a pillé et supérieurement à notre tour, on a décidément plus de talent qu'eux et comme ils n'ont pas le génie, on les aura. Cher Monsieur Basler parlez moi de la peinture. Je pense bien à l'Amérique aussi mais quand tout cela sera fini.
Amicalement.
F. Léger
13:03 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, fernand léger, adolphe basler, aimable, lettre, malheureux, nul, en place, répondre, penser, art, canon, étonner, correction, plume, encre, position, arriver, installer, confortable, relatif, boches, joli, tonnelle, forêt d'argonne, obus, passer, au-dessus de la tête, tranquille, artilleur, comprendre, angulaire, inviolable, confiance, connaître son métier, compréhension, truc, habitude, flottement, finir, guerre, déchet, moderne, s'organiser, maximum de rendement, orchestration, perfection, moyen, tuer
28/07/2013
COMME UN HOMME
COMME UN HOMME
Il s’est retrouvé assujetti à une douleur infinie,
De celle que l’intelligence seule ne peut soulager.
Caricature de la misère et de la déchirure,
Fragile et désemparé, il a refusé de toutes ses forces cette fatalité.
Et il a survécu à l’importance de ses blessures
Parce que, tout de suite, il a exclu de lui un lâcher-prise définitif.
L’hébergement de cette déchirante solitude d’avant la reprise d’équilibre
L’a propulsé en d’innombrables interrogations centrales
Qui l’ont incité à entreprendre une grande reconstruction générale,
Indispensable épreuve dans la nécessaire découverte du chemin
Qu’il lui faudra, l'impératif est là qui réclame, emprunter
Pour initier le retour progressif au monde des autres
Et l’installer, enfin, dans un quotidien qui lui offre consistance.
Désormais, il n’a plus à agir pour être comme un homme,
Parce qu’il sait que dans son retour à soi réussi, il en est un.
A nouveau.
P. MILIQUE
09:25 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, retrouver, assujettir, douleur, infini, intelligence, soulager, caricature, misère humaine, déchirure, fragile, désemparé, refuser, force, fatalité, survivre, importance, blessure, suite, exclure, lâcher-prisedéfinitif, hébergement, déchirant, solitud, avancer, reprise, équilibre, propulsion, innombrables, interrogation, centrale, inciter, entreprendre, reconstruction, généraliser, indispensable, épreuve, nécessaire, découverte, chemin, impératif, réclamer, emprunter, initier, retour progressif, monde, autrui, installer, quotidien, offrir
03/05/2013
UNE SI BELLE INCONNUE 5
A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.
Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
UNE SI BELLE INCONNUE 5
Plus tard, elle s'est éveillée. La luminosité extérieure faiblissait, perdait peu à peu de son éclat, et installait une semi-pénombre alentour qui bientôt, laisserait place à l'abrupte agression d'un éclairage artificielle. Il y avait eu du mouvement autour de nous. D'autres passagers étaient venus, s'étaient installés et, pour certains, étaient repartis déjà. Mais cela ne l'avait pas dérangée. Son sommeil lui avait occulté cette réalité-là. Et c'était tant mieux pour moi, puisque cette réalité-là ne lui appartenait pas. Elle n'était que mienne.
(A SUIVRE)
P. MILIQUE
09:45 Publié dans GOUTTES d'ÂME, NOUVELLES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, patrick milique, belle inconnue, à suivre, plus tard, s'éveiller, luminosité, extérieur, faiblir, perdre son éclat, installer, pénombre, alentour, laisser place, abrupt, agression, éclairage, artificiel, mouvementé, autour de nous, autour de lucie, passager, s'installer, repartir, déranger, sommeil, occulter, réel, appartenir, possessif
28/04/2013
UNE SI BELLE INCONNUE 1
UNE SI BELLE INCONNUE
1
J'étais assis face à elle dans la solitude surpeuplée de ce train anonyme en route pour nulle part.
J'aurais pu être, comme il m'arrive souvent de l'être, en état d'indifférence totale. Mais telle n'étais pas le cas. Elle s'était montrée si belle dans l'abandon serein d'un sommeil installé. Sommeil que j'espérais secrètement interminable pour faire durer encore l'instant délicieux d'une contemplation qui, sans lui, ne serait sans nul doute pas acceptée.
Son visage reposait comme il pouvait sur son épaule, à demi calé entre elle et le bord inconfortable de la fenêtre, tressautant au rythme des vibrations régulières du convoi. Cette femme possédait cette élégance ultime qui tient souvent à peu de choses. Elle était vêtue d'un chemisier à motifs discrets et d'une jupe à peine fendue masquant, en une retenue presque chaste, des jambes étrangement longues aux chevilles fines. On aurait pu croire ces vêtements là directement dessinés sur elle avec une précision dans la coupe tout ce qu'il y a de remarquable. Pour préciser, ils n'en finissaient pas de laisser envisager la réalité d'une plastique irréprochable.
(A SUIVRE...)
09:04 Publié dans GOUTTES d'ÂME, NOUVELLES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, iinconnu, s'asseoir, face à face, solitude, surpeupler, train, anoymat, en route, nulle part, arriver, en état, indifférence, totalité, pas le cas, se montrer, abandon, sérénité, sommeil, installer, espérer, secrètement, interminable, faire durer, instant délicieux, contemplation, sans doute, accepter, visage, reposer, pouvoir, épauler, à demi calé, bordure, inconfort, fenêtre, tressauter, rythme, vibration, régularité, convoi, convoyer, femme, posséder, élégance, tenir à peu de chose, vêtir, chemisier, motif, discrétion
06/04/2013
LE RESCAPÉ PRÉCAIRE 1
LE RESCAPÉ PRÉCAIRE
1
Le vide est immense dans lequel peu à peu il s'enfonce...
Au sortir d'éprouvants voyages au centre de sa tête,
Il s'englue dans la désespérance d'aubes marécageuses,
Installé qu'il est depuis longtemps dans une routine chagrine
Qui le conduit, sans jamais dévié d'une once sa trajectoire
Aux ténèbres errantes d'un douteux avilissement de soi,
A la recherches d'impossibles repères où ancrer ses certitudes.
Lorsque la moindre vétille prend des proportions considérables
Et qu'une lassitude envahissante lui renvoie le cinglant de sa médiocrité,
Tout devient trop et se conjugue pour l'éloigner de la paix intérieure.
(A SUIVRE....)
09:51 Publié dans GOUTTES d'ÂME, NOUVELLES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, rescapé, précarité, vider, immensité, s'enfoncer, progression, sortir, éprouvant, voyage au centre de la terre, engluer, désespérance, aubade, marécage, installer, routine, chagriner, conduire, dévier, once, trajectoire, ténèbres, errer, douter, avilir, à la recherche, impossible, repère, repaire, ancrer, certitude, à la mondre vétille, prendre des proportions considérables, lassitude, envahisseur, renvoyer, cingler, médiocrité, devenir, conjuguer, éloigner, paix intérieure
20/02/2013
ÉLOIGNEMENT SALUTAIRE
ÉLOIGNEMENT SALUTAIRE
Le désordre s'installe et le désert progresse
Qui donne corps à une ambiance lourde et pesante,
Univers implacable qui broie, étouffe et isole
Dans l'extrême accumulé d'une souffrance en colère.
Comment apprendre à progressivement s'éloigner de l'autre?
A échapper de ces bras de vie qui serrent trop fort?
Quelle part de soi doit on laisser à ceux qui restent?
Une pluie tenace, froide et déloyale,
Donne à entendre l'absence à venir
Qui se tait déjà avec une belle éloquence.
P. MILIQUE
09:21 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, éloignement, salutaire, désordre, installer, installation, désert, désertique, désertification, progresser, donner corps, ambiance, lourd, pesant, univers, implacable, broyer, étouffer, isoler, extrême, accumuler, accumulation, souffrance, en colère, colérique, apprendre, progrssivité, d'éloigner de l'autre, échapper, échappatoire, brasser, serrer trop fort, part de soi, laisser en creux, au présent, laisser à ceux qui restent, pluie tenace, froideur, déloyal, donner à entendre, absence à venir, se taire, éloquence, élocution
31/01/2013
FRANCOISE SAGAN ET ANNIE GIRARDOT
FRANCOISE SAGAN ET ANNIE GIRARDOT
Les femmes aussi
07/01/1965 - 04min21s
Interview d'Annie GIRARDOT et Françoise SAGAN, confortablement installées dans un salon. Elles donnent chacune leur définition du bonheur.
Production
Générique
20:09 Publié dans GOUTTES d'ÂME, LES ARCHIVES DE LYNA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, françoise sagan, annie girardot, le bonheur, dissertation, thèse, synthèse, interview, confortable, inconfortable, installer, installation, salon littéraire, voudoir, la définition du bonheur, jacques demeure, domicilier, thomas dutronc
08/11/2012
UTOPIE ORDINAIRE
UTOPIE ORDINAIRE
La route ordinairement empruntée par la vie buissonnière
Ne se prive pas d'offrir une multitude d'aspects différents.
Elle peut tout autant se précipiter dans le cauchemar et la misère
Par ce qui n'est parfois que la dure réalité d'un amour déçu,
Ou bien être animée par la pure logique d'un noir désespoir
Saturé plus qu'il n'est raisonnable de sombre mélancolie.
D'autres fois, elle semble être empruntée par les êtres et par les mots
Ceux-là qui, nourris au lait nostalgique d'un monde de pureté
Réservent à chacun une multitude de folles aventures à venir.
Elle peut aussi traverser des paysages splendides
Qui, au centre exigeant de théâtres contemporains,
Autorisent en exclusivité l'exploitation de machines à rire.
Enfin, elle peut parler des hommes en évoquant certaines fleurs,
Incroyable bouquet d'images riche de visages magnifiques,
Installant les fragrances des lavandes et le chant des cigales
Dans l'inaltérable félicité des enfances d'utopies ordinaires.
P. MILIQUE
09:38 Publié dans GOUTTES d'ÂME | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : au magma present de l'ecriture, utopie, ordonnance, ordinaire, la route empruntée, vie buissonnière, ne pas se priver, offrande, multitude d'aspects différents, se précipiter, cauchemar, misère, dure réalité, amour déçu, animer, pure logique, désespoir, noirceur, saturer, raisonnable, sombre, mélancolie, emprunter, blanc de lait, nostalgie, monde de pureté, réserver à chacun, multitude, folle aventure, traversière, paysage splendide, exigence, théâtre contemporain, autorisation, exclusivité, exploitation de l'homme par l'homme, machine à rire, évocation, fleurir, incroyable, bouquet d'images, richesse, visage magnifique, installer, la fragrance des lavandes, le chant des cigales, inaltérable, félicité, utopie ordinaire