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A l'attention des multiples lecteursqui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire. Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
FLÂNER SOUS LE BLEU DU CIEL
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La matière ne manque pas, la lucidité et son discernement corrosif non plus.
Il y a comme une nécessité vitale à ne plus se préoccuper de la folie des hommes,
Cette folie de chaque instant qui, au demeurant, n'en est de toute évidence pas une.
Il s'agit bien au contraire de beaux moments parfaitement sains et jubilatoires.
Il faut avoir une pleine et entière conscience de la réalité de cet état de fait.
L'image est si belle! L'homme, fier face à l’ineffable, flâne sous le bleu du ciel.
Il se montre, une fois n'est pas coutume, attentif aux êtres et à leurs passions.
Il multiplie les connections avec la vie, et à ses heures qui éclaboussent l'horizon.
Et, à mettre l'Autre en lumière, il retrouve des facultés qu'il pensait perdues.
Cet Autre essentiel et infini qui sature de sa présence chaque copeau de son existence.
Vous ne resterez pas indifférents aux propos de cet artiste singulier, représentant factice et immensément talentueux d'une hiérarchie militaire qui ne m'a jamais soumis!
Plus que la ligne claire d'Hergé, la gueule grêlée de Patrick Chenière évoque les bourlingueurs chers aux crayons charbonneux d'Hugo Pratt.
Lanceur de couteaux, dictateur de pacotille, guérillero dérisoire et cousin éloigné de Corto Maltese, le Général Alcazar est aussi un aventurier de la "chanson rastaquouère" et du"rock métèque".
Sa musique s'est façonnée en marge, au rythme accidenté d'albums rugueux et fragiles, noirs et fantaisistes, à écouter comme on feuillette un livre de bord imaginaire ou le carnet de campagne d'un blues-man excentrique. Après des années en cale sèche à Montpellier, l'ancien routard des mers du Sud a enfin retrouvé une île. Ou presque.
Le général Chenière a emménagé à Sète. (...) "Avec une mère née à Angers, un père martiniquais et militaire de carrière, envoyé aux quatre coins du monde, je n'ai jamais eu d'attaches. Je me suis construit une culture des voyages."
Les premiers voyages sont synonymes d'insouciance et de décors de rêve. Au gré des mutations du père -- Nouvelle-Calédonie,Tahiti,Madagascar --, le garçon se gave de lagons bleus, découvre la musique à travers la valeur festive et fonctionnelle des traditions.Guitare et ukulélé sont ses premiers instruments.
Tout juste commence-t-on à noter une certaine allergie à l'autorité. (...) Rentrée en France au milieu des années 60, la famille s'installe Montpellier. Perce alors une prise de conscience.
"J'avais vécu une enfance heureuse,mais je m’apercevais que ces paradis avaient leur revers de médaille. Je mesurais ce que la présence de la France dans le monde avait parfois entraîné comme désastre. Ma musique est marquée à la fois par ces souvenirs radieux et un désenchantement profond. Pourtant, c'est une nonchalance ironique qui prévaut. (...)"
Au service militaire, Patrick Chenière préféra une passion nouvelle pour les musiques noires et Bob Dylan. (...) Il sillonne entre autres l'Afrique de l'Ouest, croise Fela, s'identifie à la simplicité des bluesmen ghanéens. (...) Patrick Chenière mettra du temps à affirmer son propre répertoire. (...) D'abord sous l'emprise de l'anglais du rock, pour un maxi, "Hunting Dogs" (1992), et un premier album,"No Comment" (1995), passés inaperçus, Général Alcazar trouve finalement sa voie (les disques "La Position du tirailleur"et "Des sirènes et des hommes") dans une utilisation du français qui détourne vers l'abstraction la langue de bois journalistique et administrative. (...)
A l'attention des multiples lecteursqui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire. Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
INSPIRATION MAJEURE
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La Femme sait lutter contre la dispersion qui menace l'équilibre de son quotidien dans la continuité. Elle laisse deviner d'elle un assemblage profond et complexe qui se révèle le plus souvent d'une force et d'une exactitude redoutables. Son esprit agile et ordonné l'autorise à déployer une multitude de talents dans des disciplines aussi diverses que parfois contradictoires.
Il suffit pour s'en convaincre d'apprécier l'éclairage passionné qu'elle délivre alentour. Étonnant et subtil équilibre d'orgueil et d'humilité dans l'évocation de ses facilités à résoudre les ressorts secrets de nos sentiments avec encore, au cœur d'idées vives de constructions formelles, l'éclat de ses innovations fulgurantes qui lui font explorer d'un pas léger nos plus ténus territoires. Regard sans tain qui reflète l'intérieur et l'extérieur, et l'utilise pour disséquer sans complaisance la veulerie et l'inconséquence de nos trop humains comportements.
Le comédien Pierre Arditi aime relire Stendhal, "un auteur qu'il chérit". Il se passionne aussi pour les ouvrages de Yasmina Réza. Mais en ce moment, il redécouvre Camus sous la plume de Jean Daniel.
Pierre Arditi n'a pas toujours le temps ou l'énergie de lire le soir. Sur les conseils d'un ami, il s'est donc mis à lire chaque matin, de 6h à 7h "quoi qu'il arrive".
Il lit en ce moment l'ouvrage de Jean Daniel "Avec Camus, comment résister à l'air du temps?" que le journaliste lui a dédicacé.
Le comédien, actuellement en tournage, choisit ses lectures de manière "chaotique" car "le livre c'est comme le vin, il faut tout essayer".
Il estime "ne pas lire assez", se dit incapable de lire plusieurs livres en même temps, mais prend le temps de "relire assez souvent" les auteurs qui ont marqué sa vie, avec une préférence pour Stendhal.
Les bouquins de plage? Très peu pour lui : "les bruits des enfants suffisent à contenter mon esprit. Je ferme les yeux et je redeviens cet enfant qui jouait au bord de la plage il y a soixante ans. (..) Ce que j'écoute vaut tous les livres du monde".
A l'attention des multiples lecteursqui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire. Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...
DOULEUR D'AIMER
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Il sait maintenant concevoir pour elle l'ivresse d'un amour perdu.
Un amour aux yeux serrés, sur fond de passion incestueuse
Qui adoucit les blessures d'un passé exprimant sa vulnérabilité.
Le bonheur a de tout temps eu partie liée avec le chagrin.
En devenant diaphane au fil du temps, il est devenu éphémère
Même quand il est, croit-on, bien construit et solidement étayé.
Un jour, il ne peut éviter de mourir de ce trop-plein d'évidences.
Toutes les frêles certitudes patiemment élaborées en cours de vie
Volent en éclats et ne proposent plus que le froid glacial du crépuscule.
Cela a débuté par un imprévisible chambardement personnel.
Peu de temps après, L’indifférence a entamé son lent et sournois travail d’érosion, Le laissant épuisé par le trop long, démoralisant et inutile combat Contre une existence de plus en plus végétative. Négative.
Alors son esprit s’aliène dans une songerie sombre et douloureuse. Il n’a plus en fait la moindre parcelle d’énergie pour résister à ce naufrage, Pour tenter une fois encore de renverser cette inéluctable tendance.
Rien n’y fait plus désormais ! Le goût de vivre s’est brisé sans retour. Il n’est plus qu’une plaie à vif. Et dans sa tête maintenant flottent des idées parasites.
Il a la vision folle et fugitive d’une délicieuse errance Embarquée malgré elle dans l’enfer de sa déraison. Le voilà envoûté par la probabilité d’un cataclysme phénoménal, D’un grand carambolage cosmique au centre desquels il pourrait, Dans un grand apaisement Se désintégrer en un flash de particules invisibles.
La vie n’est décidément qu’une immense zone de turbulences. Un désordre suscité par l’omniprésence De son cortège de souffrances et de malheurs cumulés. Nous vivons dans un monde de folie, Un monde de hantises et de pulsions secrètes, De plaisanteries vaniteuses et de pitreries même pas savantes, Aveuglés que nous sommes par un véritable panel De nuances plutôt contradictoires et tourmentées.
Il y a tellement de motivations étranges Dans les infimes événements du quotidien. Alors, on erre le long des images intérieures, Dans un jeu terrible et fascinant. Assujetti au malentendu permanent, au déphasage chronique.
C’est que les hommes sont animés de bien misérables passions, Taraudés qu’ils sont sans cesse par un insidieux doute existentiel Et, parce qu’ils refusent violemment la tyrannie de la norme, Ils ressassent jusqu’à la nausée Le passage du temps et les occasions manquées. Ils souhaitent invariablement réaliser des choses remarquables. Jamais faites par personne. Des choses qui bousculent l’existence.
Pour dissimuler leurs faiblesses peut-être ? Leur médiocrité sûrement !
C'est une histoire d'amour gâchée par les circonstances. Par l'intervention du hasard.
Cette femme aux yeux de glace a désormais le regard vide. Pour lui, elle était un chemin illuminé dans sa nuit. Elle savait colorer de lumière la plus noire de ses journées, Sûre d'elle dans sa fragilité.
Ce qui les a rapprochés est aussi ce qui les a séparés, A force de partager un univers peuplé de semblables tellement différents. Parce que l'harmonie des contraires, peut-être, n'existe pas. Ou alors quand gravée dans le bref, Les cœurs battent une mauvaise chamade.
C'est l'insupportable désamour. Tout se noie dans l'usure d'un temps que personne se sait dompter. Les voilà condamnés à se déchirer aux pointes acérées D'une douloureuse ronde d'amour et de haine.
Maintenant, sa mémoire est encombrée Par les souvenirs pénibles des divergences et des brouilles. Et puis les non-dits aussi, Qui aggravent tout jusqu'à rendre plus sombres encore Les couleurs de ces instants pétrifiés.
Alors désormais, il lui faut accepter l'inéluctable. Il est confronté à l'intense douleur d'une insoutenable séparation. Comment ne pas être submergé Par le chaos dévastateur De toute cette détresse ? Et toute cette honte qu'il lui faut surmonter pour exister encore.
Il ne promène plus qu'une ombre déchue. Celle de sa passion meurtrie. Et il s'applique à ne plus vivre qu'au travers de l'absente. Mais le chagrin lui, est si présent, Qu'il ne sait plus que pleurer de ne plus pouvoir l'embrasser, Ne serait-ce que du regard.